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Séismes en Turquie : à Atalar, "tout le monde erre dans la rue"

De notre envoyée spéciale en Turquie – Trois jours après les séismes qui ont meurtri la Turquie, à Atalar, village à une trentaine de kilomètres de Gaziantep, dans le sud du pays, les habitants vivent dans le plus grand dénuement. Certains ont leur voiture pour seul refuge. Reportage.

"Nous n’avons nulle part où aller. Il fait froid. Nous sommes gelés." Châle sur la tête, emmitouflée dans une doudoune bleu marine, elle sanglote. Assise sur des éboulis, devant une maison totalement détruite, cette habitante d’Atalar attend. Les deux tremblements de terre qui ont meurtri la Turquie, lundi 6 février, ont fait d’elle et des siens des sans-abri.

Cette femme a tout perdu. Elle n’a plus de nouvelles de ses proches. « Tout le monde est mort », dit elle en sanglotant #Alatar #seismeturquie #earthquakeinturkey @France24_fr pic.twitter.com/J8egDFn2xG

— Assiya Hamza (@Missiya) February 8, 2023

"Adultes, enfants…tout le monde erre dans la rue. Nous n’avons plus rien. Nous sommes dehors avec nos quatre enfants", répète-t-elle en ajoutant qu’ils ont "fabriqué des tentes de fortunes" dans le centre-ville de Gaziantep, à une trentaine de kilomètres de là. "Nous n’avons pas de nouvelles de nos proches. Tout le monde est mort, soupire-t-elle, la voix étranglée par l’émotion. Que Dieu aide la Turquie et son peuple. Je n’ai pas de mot. Dieu, aide nous !"

"Le gouvernement ne fait rien"

Dans ce village de montagne, les constructions en parpaings n’ont pas résisté. La violence des secousses a littéralement éventré les frêles maisons. Mètre après mètre, dans les ruelles ascendantes recouvertes de neige verglacée, les habitations dévoilent l’intimité de ceux qui y vivaient. Chambres à coucher ouvertes aux quatre vents, mobilier éclaté sur le sol, vêtements… le tout visité par des animaux livrés à eux-mêmes.

A #alatar même le minaret de la mosquée a perdu son toit. Selon la gendarmerie la zone est « extrêmement dangereuse » à cause du risque d’effondrement. #seismeturquie #earthquakeinturkey #Turquie @France24_fr pic.twitter.com/Z4FidJ7y79

— Assiya Hamza (@Missiya) February 8, 2023

Certains habitants tentent malgré tout de sauver ce qu’ils peuvent. Comme ces femmes triant quelques assiettes en laissant parfois échapper un râle de douleur. Le désespoir se lit sur leur visage.

Parfois les habitantes d’#Alatar cherchent ce qu’elles pourraient sauver des décombres #seismeturquie #earthquakeinturkey @France24_fr pic.twitter.com/L0MdSjHUgP

— Assiya Hamza (@Missiya) February 8, 2023

Un peu plus loin, des bénévoles distribuent des repas chauds. Des pâtes en sauce, une petite soupe, le tout préparé par les habitants d’un village voisin pour apporter un peu de réconfort à ceux qui ont tout perdu.

"Le gouvernement ne fait rien, lâche Okkesh entre deux bouchées. Ils ne sont toujours pas venus nous voir. Il n’y a pas de tente, pas d’abri. Les gens vivent dans leurs voitures." Ce quinquagénaire au visage rond explique que les habitants d'Alatar ont dû rechercher les survivants sans attendre l’assistance. "Nous avons sorti beaucoup de cadavres des décombres. Les gens sont restés ensevelis deux jours. Deux jours sans manger."

Comme beaucoup au village, Okkesh n’a plus de toit sur la tête. "Depuis trois jours, notre maison c’est ici, dit-il en montrant son véhicule. Nous sommes cinq à l’intérieur."

"Ne donnez qu'à ceux qui en ont besoin"

En attendant l’installation de tentes comme celles qui commencent à apparaître dans les provinces les plus touchées par la catastrophe, chaque camion d’aide est pris d’assaut. L’un d’eux vient de s’arrêter.

Hommes, femmes, enfants se ruent sur le véhicule qui distribue, cahin-caha, du pain, de l’eau et des vêtements. "N’en donnez qu’un par personne, éructe un bénévole en offrant un sac de pains alors que les esprits s’échauffent légèrement. Si une personne revient, ne lui donnez rien. Ne donnez qu’à ceux qui en ont besoin."

Les camions d’aide sont pris d’assaut à #Alatar Vêtements, nourriture, eau sont attendus par la population mordue par le froid glacial #seismeturquie #earthquakeinturkey #Turquie @France24_fr pic.twitter.com/qMQu1leFVz

— Assiya Hamza (@Missiya) February 8, 2023

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’arrière du camion est totalement vidé. Preuve que les besoins sont énormes pour cette population persuadée d’avoir été oubliée.