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Des héroïnes pas si faibles : histoires de princesses qui disent non

Les Népalaises risquent leur vie en accouchant par manque d’infrastructures et personnel de santé. Au Nigéria, une centaine de lycéennes de Chibok manquent toujours à l’appel. Prune Nourry leur rend hommage avec l’exposition "Statues also breathe". Jennifer Tamas raconte dans "Au non des femmes" comment les classiques de la littérature ont été réinterprétés de manière misogyne, faisant des femmes des héroïnes passives incapables de dire non, bien loin des personnages d’origine.

Connaissez-vous "Le petit chaperon rouge" ? Eh bien, finalement, peut-être pas ! À l’origine, il s’agissait d’un récit initiatique transmis par les femmes, assez différent de la version mise à l'écrit au XVIIe siècle par Charles Perrault.

Dans l’histoire originelle, une jeune femme est encouragée à quitter la maison par sa mère, symboliquement, parce qu’elle est devenue une adulte et peut vivre sa propre vie. Quand elle arrive chez sa grand-mère, le loup l'a dévorée. Elle va dans le lit sans comprendre que la vieille dame est en réalité le loup déguisé et ne réalise le danger que trop tard. Elle prétexte alors un besoin urgent. Le loup accepte qu’elle sorte se soulager, mais l'attache pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir. La jeune femme en profite pour se libérer et s'échapper.

Cette histoire était destinée à mettre en garde les jeunes femmes et à les inciter à trouver par elles-mêmes des solutions face à la prédation des hommes. On est bien loin du conte réinventé par Charles Perrault, qui décrit une enfant naïve et désobéissante, bien punie de s’être éloignée du droit chemin. Quant aux frères Grimm, qui reprennent plus tard encore ce texte, ils ajoutent le personnage du chasseur-libérateur qui sauve finalement la grand-mère et l’enfant en ouvrant le ventre du loup.

Les Précieuses, un des premiers mouvements féministes

Jennifer Tamas passe au crible d’autres textes classiques et les décrypte, racontant le contexte de l’écriture, l’époque, le message sous-jacent et l’intention des auteurs et autrices qui les ont signés. Elle revient aussi sur les Précieuses, un mouvement littéraire et intellectuel du XVIIe siècle, bien loin des "ridicules" que décrit Molière. À une époque où les femmes sont des objets de transaction économique et/ou politique à travers le mariage, des hommes et des femmes de lettres, intellectuel.le.s ou membres de l’aristocratie mettent en place les règles de la galanterie, destinées à préserver les femmes des violences des hommes. Il s’agit en fait de l’un des tout premiers mouvements féministes, à des années-lumière du sens qu’il a aujourd’hui.