Les appels à manifester en masse au Brésil, diffusés par les partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, ont été peu suivis mercredi. Les autorités avaient renforcé la sécurité dans la capitale et dans tout le pays, trois jours après le saccage de bâtiments institutionnels, craignant de nouveaux débordements.
La nouvelle mobilisation espérée par les bolsonaristes n'aura pas eu lieu. Les partisans de l'ancien président d'extrême droite ont appelé à d'importants manifestations à travers le pays, trois jours après le saccage des lieux de pouvoir dans la capitale, finalement peu suivies, mercredi 11 janvier.
Les mesures de sécurité ont été renforcées dans la capitale et dans tout le Brésil pour éviter de nouveaux débordements.
Sur les réseaux sociaux, des messages de partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro appelaient à manifester mercredi soir dans plusieurs grandes villes brésiliennes, dont Brasilia, "pour reprendre le pouvoir".
Des policiers, des camions anti-émeutes et un hélicoptère ont été déployés dans la capitale mercredi, mais aucun manifestant n'était présent durant la première heure de la mobilisation qui devait débuter à 18 h locale.
À Rio de Janeiro, où des forces de police surveillaient le lieu prévu du rassemblement, les manifestants ne se sont pas non plus déplacés. À Sao Paulo, seuls deux jeunes sont apparus sur l'avenue Paulista portant des T-shirts jaunes et verts, les couleurs du drapeau national devenues emblématiques des manifestations pro-Bolsonaro.
Un sondage publié ce mercredi par la société Atlas Intelligence a montré que si la majorité des Brésiliens rejettent ce qui s'est passé, 18,4 % se disent d'accord avec la violente manifestation qui a touché la capitale, et 10,5 % estiment que l'invasion du siège des pouvoirs publics a été "tout à fait justifiée".
Le vice-ministre de la Justice, Ricardo Cappelli, a annoncé en conférence de presse que la zone de l'Esplanade des ministères, grand espace vert qui entoure les bâtiments gouvernementaux et le Congrès, serait fermée à la circulation des véhicules, et que "des barrières et des barrages filtrants avec fouille" avaient été dressés pour les piétons. "Tous les effectifs ont été mobilisés (...) Il n'y a pas la moindre possibilité de voir se reproduire dans la capitale les événements inacceptables du 8 janvier", a-t-il assuré.
"Un groupe de fous furieux"
Ricardo Cappelli a été nommé dimanche soir par le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva pour reprendre en main le commandement de la sécurité à Brasilia après l'effarant remake brésilien de l'invasion du Capitole à Washington deux ans plus tôt.
Des hordes de partisans de Jair Bolsonaro refusant sa défaite électorale face à Lula fin octobre ont semé le chaos dans la capitale, envahissant le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès, et détruisant tout sur leur passage, y compris des œuvres d'art.
Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées et les autorités mènent l'enquête pour identifier ceux qui ont financé et organisé ces troubles.
"C'est un groupe de fous furieux qui n'ont pas encore compris que l'élection est terminée", a déclaré mercredi le président Lula, lors d'une réunion au Palais présidentiel avec des représentants du Congrès, dont le président de la Chambre des députés, Arthur Lira.
Mandat d'arrêt contre l'ex-ministre de la justice
Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a annoncé au même moment de lourdes sanctions en cas d'invasion de bâtiments publics ou de blocage de routes, qui seront punis par de fortes amendes ou des peines de prison, selon les infractions.
Ce magistrat, qui est la bête noire des bolsonaristes, avait promis mardi de "combattre avec fermeté le terrorisme, ces putschistes qui veulent instaurer un régime d'exception". Il a émis mardi soir un mandat d'arrêt contre Anderson Torres, ancien ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, pour collusion présumée avec les émeutiers en tant que secrétaire à la sécurité de la capitale, poste dont il a été démis après les troubles.
Anderson Torres se trouve aux États-Unis, comme Jair Bolsonaro, qui avait quitté le Brésil deux jours avant l'investiture de Lula, se refusant à lui remettre l'écharpe présidentielle le 1er janvier. Niant "toute collusion avec la barbarie", Anderson Torres a déclaré sur Twitter qu'il allait rentrer au Brésil afin de "se présenter à la justice" et s'occuper de sa défense.
Une organisatrice des émeutes arrêtée
L'ex-président, pour sa part, est sorti mardi soir de l'hôpital de Floride où il avait été admis la veille pour des douleurs abdominales. Il a ensuite partagé sur Facebook une vidéo d'un procureur remettant en cause la victoire de Lula au second tour du 30 octobre, avant de l'effacer quelques heures plus tard.
Mercredi, Ana Priscila Azevedo, soupçonnée d'être l'une des organisatrices des émeutes, a été arrêtée à Luziânia, près de Brasilia, selon la presse brésilienne. Cette militante d'extrême droite est l'auteure de nombreux messages d'incitation à la violence sur les réseaux sociaux, où elle a publié dimanche une série de selfies pris durant l'invasion des lieux de pouvoir.
Avec AFP