"Les outils de guerre ont un rôle à jouer pour préserver la paix", a déclaré le nouveau Nobel de la paix pour expliquer sa récente décision d'envoyer 30 000 soldats américains en renfort en Afghanistan.
A peine dix jours après avoir annoncé l’envoi de 30 000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, Barack Obama s’est rendu à Oslo, en Norvège, pour recevoir le prix Nobel de la paix. "Je reçois cet honneur avec une grande gratitude et une grande humilité", a déclaré le président américain lors de la cérémonie de remise de la récompense.
itBien qu’il ait déclaré ne pas mériter d'être distingué au même titre que Nelson Mandela, Mère Teresa ou Martin Luther King, le numéro un américain verra son portrait accroché à côté de ces derniers dans la galerie des lauréats Nobel.
L’attribution du Nobel de la paix au 44e président des Etats-Unis, pays impliqué dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan, et sans grand succès diplomatique à son actif, a soulevé une vague de critiques dans le monde entier. "Un mouvement pacifiste n’aurait pas pu arrêter les armées de Hitler, aucune négociation ne pourra convaincre les dirigeants d’Al-Qaïda de poser les armes", s’est justifié Barack Obama après avoir reçu sa récompense des mains du président du comité du Nobel norvégien, Thorbjorn Jagland.
"Dire que, parfois, la force est nécessaire n’est pas un appel au cynisme, c’est reconnaître l’Histoire, les imperfections de l’Homme et les limites de la raison, a-t-il poursuivi. Mais lorsque la force est nécessaire, nous devons, sur un plan moral et stratégique, nous contraindre à respecter certaines règles de conduite […] Les Etats-Unis doivent demeurer un exemple dans la conduite des guerres."
Avant de lui remettre le prix, Thorbjorn Jagland s'est employé à étouffer la voix de ceux qui déplorent une récompense prématurée. "L'Histoire est remplie d'occasions perdues. C'est maintenant, aujourd'hui, que nous avons l'occasion de soutenir les idées du président Obama", a-t-il dit, précisant que le prix était "un appel à l'action pour nous tous".
"Tu as gagné le prix, maintenant mérite-le !"
Plusieurs organisations ont appelé à manifester, jeudi, à proximité de l'hôtel où séjourne le lauréat, pour protester notamment contre l'engagement militaire en Afghanistan. Près de l'Institut Nobel, où il a signé le livre d'or, flottait une banderole "Obama, tu as gagné le prix, maintenant mérite-le !"
Au Pakistan et en Afghanistan, l’attribution du Nobel de la paix au président américain laisse un goût amer. Nombreux sont ceux qui, dans la population, accusent les Etats-Unis d’alimenter le terrorisme dans ces régions. "Obama peut être un bon président pour sa nation, mais en tant que président américain, sa réputation est terrible dans cette partie du monde", affirme un fonctionnaire de Peshawar, au Pakistan.
Depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir, les bombardements de zones tribales au nord-ouest du Pakistan par des drones américains ont considérablement augmenté, provoquant la colère des populations locales et une recrudescence de l’engagement dans les milices.