logo

Barack Obama à Oslo pour recevoir son Nobel de la paix

Paradoxe : le président des États-Unis, qui a décidé il y a neuf jours d'envoyer 30 000 soldats supplémentaires en renfort en Afghanistan, reçoit son prix Nobel de la paix à Oslo.

Avant même de recevoir le prix Nobel de la paix ce jeudi après-midi, le président américain tente de faire taire les critiques. "Je ne doute pas qu'il y a d'autres [candidats] qui étaient peut-être plus méritants", a lancé Barack Obama lors d’une conférence de presse à Oslo, aux côtés du Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg. Et à propos du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, il a réaffirmé : "Je ne montre aucune ambiguïté à ce sujet et il ne devrait donc pas y avoir matière à débattre. A partir de juillet 2011, nous entamerons la transition."

it
À la Une : "Nobel, le paradoxe Obama"

La remise du prix Nobel de la paix à Barack Obama fait toujours débat, deux mois après l’annonce du comité Nobel le 9 octobre. Le président américain, entré en fonction il y a 11 mois à la tête d’un pays en guerre en Irak et en Afghanistan, a annoncé il y a neuf jours vouloir déployer 30 000 hommes supplémentaires sur le front afghan d'ici l'été 2010. Il a d'ailleurs hérité du surnom de "président de guerre".

Grand écart

Un paradoxe assumé par la Maison Blanche : "Le président reçoit le prix de la paix en tant que commandant en chef d'une nation engagée dans deux guerres", a reconnu Jon Favreau, la plume du président américain, interrogé par l’AFP, parlant d’un prix en forme d’"affirmation de voir les Etats-Unis occuper le leadership au XXIe siècle". Il a laissé entendre que Barack Obama aborderait ce sujet dans son discours de remerciement jeudi après-midi. Dans cette allocution, le lauré

at devra faire le grand écart pour justifier à la fois les efforts militaires en Afghanistan et donner raison au comité Nobel qui avait salué dans son communiqué ses "efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale entre les peuples".

Sous le feu de la polémique, le président américain Barack Obama se fait discret à Oslo. Discret et bien entouré. La capitale norvégienne a mis en place un dispositif d’exception : des batteries de missiles antiaériens ont été placées à proximité de la ville et des hélicoptères de sécurité quadrillent le ciel. Des avions de chasse sont également mobilisés ainsi que 2 000 policiers. Non seulement Oslo, mais le pays entier est en alerte : les contrôles aux frontières ont été rétablis.

Les efforts de sécurité déployés en Norvège coûtent 92 millions de kroners au gouvernement (10,9 millions d’euros), soit dix fois le montant de la récompense accordée au lauréat du Prix nobel. Barack Obama a d’ailleurs prévu de faire don de l'argent de son prix à une organisation caritative. Il n’a pas encore dit laquelle.

"Obama a reçu le prix de manière prématurée"

Les forces de sécurité tenteront d’éviter tout débordement à l’occasion des manifestations prévues tout près de l’hôtel où réside Barack Obama, à l’appel d’ONG et d’associations, pour dénoncer l’engagement militaire américain renforcé en Afghanistan. ""Nous estimons qu'Obama a reçu le prix de manière prématurée, mais maintenant qu'il l'a, il va falloir qu'il s'en montre digne", a déclaré à l'AFP Benjamin Endré Larsen, leader de l'organisation pacifiste Fredsinitiativet, à l'origine de l'appel à défiler.

Le protocole américain est très prudent dans l’organisation de la remise du prix. Et Barack Obama se montre pressé : il ne reste qu'une journée à Oslo alors que d'habitude les festivités entourant les nobélisés sont prévues sur trois jours. Il a annulé le déjeuner avec le roi Harald et n’assistera pas vendredi au traditionnel concert donné en l'honneur du lauréat. Une attitude qui froisse les Norvégiens : le quotidien "Verdens Gang" parle d’un président "impoli".