L'artiste Kubra Khademi signe l’affiche de la 76e édition du Festival d'Avignon. Elle présente dans cette ville l'exposition "First but not last time in America", ainsi que la performance "From armour to jackets". En 2015, elle avait organisé la performance "Armour" dans les rues de Kaboul qui lui avait valu des menaces de mort. Elle avait ensuite trouvé refuge en France et est devenue française en 2020. Elle se confie à Laure Manent, en revenant notamment sur le retour au pouvoir des Taliban.
Sa performance "From armour to jackets" est une référence au départ des Américains et des troupes de l'Otan de son pays natal, l'Afghanistan, et au retour au pouvoir des Taliban en août 2021. Kubra Khademi explique qu’elle n’a jamais connu son pays en paix et que les épisodes d'accalmie ne sont que des temps morts entre deux périodes de violence.
Elle raconte s'être toujours sentie artiste et qu'elle est la première de sa famille à avoir fait des études, alors que ses parents ne savaient pas lire. Pour "À l'Affiche", elle évoque son inquiétude sur le recul des droits des femmes en Afghanistan mais aussi aux États-Unis, où la Cour suprême a supprimé la protection fédérale du droit à l’avortement. Elle évoque aussi la polémique suscitée par son affiche du Festival.
| #FDA22 | PROGRAMMATION |
Festival d'Avignon du 7 au 26 juillet 2022.
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© Kubra Khademi, Untitled, 2019
Musique de Chloé Thévenin du spectacle Silent Legacy de Maud Le Pladec et Jr Maddripp pic.twitter.com/9GQeFAcqGv
Elle reste en contact étroit avec son pays natal et a contribué à faire sortir d'Afghanistan des dizaines d'artistes lorsque les Taliban ont repris le pouvoir l'été dernier. Dans cet entretien passionnant, elle évoque aussi le rôle des artistes pour faire évoluer la société, cette relation ambivalente qu'ont les Afghans avec les États-Unis et ses sources d’inspiration pour son exposition "First but nos last time in America", présentée à la Fondation Lambert d’Avignon.
Tiago Rodrigues à la place d'Olivier Py
Ses préoccupations sont partagées par d'autres artistes qui explorent la place des femmes; ou celle des réfugiés; dans des créations présentées au Festival d’Avignon. C'est le cas notamment de "Soeurcières", un solo de danse qui retrace les grands mouvements du féminisme avec la danseuse et chorégraphe Adèle Duportal ou de la pièce "En transit" d'Amir Reza Koohestani. Le metteur en scène iranien revient sur ces questions de visas qui émaillent l’histoire d'hier et d'aujourd’hui. Natacha Milleret est allée à leur rencontre.
Ces spectacles sont le reflet de l’identité plus égalitaire et plus ouverte aux minorités et aux femmes du Festival d’Avignon. Depuis qu'il en a pris la direction en 2013, Olivier Py a œuvré à imprimer cette patte au festival, tout en respectant l’esprit de son créateur Jean Vilar en rendant la création accessible à toutes et à tous, sans frein économique à l’entrée. Cette édition est la dernière d'Olivier Py à la tête d’un des plus grands festivals de théâtre au monde. En septembre, il laissera la place à Tiago Rodrigues, directeur du théâtre national Dona Maria II de Lisbonne – l’équivalent de la Comédie française. Le metteur en scène, réalisateur et scénariste portugais sera le premier étranger à prendre les rênes du Festival d’Avignon.
Pour sa dernière comme patron du festival, Olivier Py présente deux créations : "Ma jeunesse exaltée", un ensemble de 4 pièces de 10 heures de théâtre et "Miss Knife et ses sœurs", qui sera jouée en clôture de ce festival. Son alter ego queer de cabaret est pour l’occasion entouré sur scène d'Angélique Kidjo et du groupe de théâtre musical ukrainien les Dakh Daughters, une façon de montrer la solidarité d'Avignon avec l'Ukraine.