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Barack Obama envoie 30 000 soldats américains en renfort en Afghanistan

Le président américain a annoncé, mardi, l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Il a aussi tenté de convaincre ses compatriotes que cette opération est d'un "intérêt national vital" pour les États-Unis.

Le président américain, Barack Obama, a dévoilé mardi sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan. Dans son discours - très solennel, tant le sujet est sensible aux États-Unis -, celui-ci a, comme attendu, annoncé l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires dans le pays d'ici à l'été 2010.

"Je ne prends pas cette décision à la légère, a-t-il déclaré devant la prestigieuse académie militaire de West Point, près de New York. Je la prends parce que je suis convaincu que notre sécurité est en jeu en Afghanistan et au Pakistan."

Conscient de la réticence de ses compatriotes à voir partir de nouveaux soldats en Asie, Barack Obama a expliqué en détails le bien-fondé d'une décision qu'il a mûrie pendant trois mois et qu'il conçoit comme l'ultime effort destiné à sortir les États-Unis du bourbier afghan.

 Il s'agit d'un "intérêt national vital" pour les États-Unis, a-t-il martelé, affirmant ne pas avoir d’autres choix que celui-ci. Rejetant avec force toute analogie avec le désastre du Vietnam, il a par ailleurs assuré que, "après 18 mois, les troupes commenceront à rentrer à la maison" - soit à partir de juillet 2011.

"Il se devait d’annoncer une date de retrait. Il s'agit d'un message adressé aux Américains réticents", analyse Claire Billet, correspondante de FRANCE 24 à Kaboul. Selon de hauts responsables de l'administration américaine, ce calendrier de retrait est d’ailleurs plus serré que toutes les propositions qui avaient été faites à Barack Obama au cours des trois mois pendant lesquels il a consulté les spécialistes militaires américains.

30 milliards de dollars de plus

Barack Obama entend à nouveau rassembler ses compatriotes autour d’une cause fondamentale : la défense de leur patrie et de ses valeurs. Revenant à plusieurs reprises sur les attentats du 11 septembre 2001, il a affirmé qu’Al-Qaïda préparait actuellement de nouvelles attaques.

Selon de récents sondages, les Américains sont profondément divisés sur la question afghane. Une partie de la population est lasse des opérations militaires engagées après les attentats de New York et de Washington et aspirent à voir le gouvernement se consacrer davantage aux problèmes économiques nationaux.

Or, l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan devrait coûter 30 milliards de dollars, portant à 95 milliards de dollars le coût total des opérations militaires dans le pays pour l'exercice budgétaire en cours, soit bien plus que les 61 milliards dépensés dans le même temps en Irak.

Aide des alliés occidentaux et appui du Pakistan

Huit ans après le début de la guerre en Afghanistan, "les Taliban ont gagné du terrain", a fait valoir le président américain, pressant ses alliés d’envoyer, eux-aussi, des renforts.

"Nos amis ont combattu, versé leur sang et sont morts à nos côtés en Afghanistan. Maintenant, nous devons nous rassembler pour achever cette guerre avec succès", a-t-il déclaré.

Dans la foulée, Barack Obama a reçu un soutien indirect du secrétaire général de l'Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen, qui a déclaré s'attendre à ce que les alliés de Washington au sein de l'Alliance atlantique fournissent, de leur côté, au moins 5 000 soldats supplémentaires.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a, pour sa part, d’ores et déjà confirmé l’envoi de 500 soldats supplémentaires en Afghanistan, ce qui portera le contingent britannique à 9 500 hommes. Le président français Nicolas Sarkozy a, quant à lui, apporté son "plein soutien" à son homologue américain, se gardant toutefois de promettre de déployer de nouveau hommes sur le terrain.

"L'époque du chèque en blanc est révolue"

Dans son intervention, Barack Obama a également lancé un avertissement musclé au président afghan Hamid Karzaï, récemment réélu au cours d'un scrutin très controversé, dont le gouvernement est accusé de corruption : "L'époque du chèque en blanc est révolue [...]. Nous allons clairement expliquer ce que nous attendons de la part de ceux que nous aidons [...]. Nous attendons que ceux qui font preuve d'inefficacité ou qui sont corrompus soient poursuivis", a prévenu le président américain.

Celui-ci a également tenté d’amadouer le Pakistan, un allié des États-Unis toujours méfiant. Il a ainsi affirmé que l'établissement d'un "partenariat efficace" avec Islamabad, fondé sur des intérêts mutuels, était l'un des trois "éléments-clé" de sa stratégie militaire dans la région.

"Nous sommes en Afghanistan pour empêcher qu'un cancer s'étende une nouvelle fois à travers ce pays. Mais ce même cancer a pris racine [...] au Pakistan. C'est pourquoi il nous faut une stratégie qui fonctionne des deux côtés de la frontière," a-t-il déclaré.