
Les représentants des 27 ont confirmé jeudi un embargo sur le charbon russe. Il s'agit sans doute de la mesure la plus symbolique du nouveau train de sanctions adopté par l'UE. Le minerai russe représente 45 % du charbon importé en Europe. Mais c'est une énergie plus facile à transporter et à stocker que le gaz. Un embargo sur le pétrole russe (25% des importations européennes) et le gaz russe (45% du total) aurait été plus difficile à atteindre.
Les représentants des 27 ont également décidé, jeudi 7 avril, la fermeture des ports européens aux navires russes et l'interdiction de certaines exportations vers la Russie, notamment de biens de haute technologie, à hauteur de 10 milliards d'euros. De nouvelles sanctions contre des banques russes vont aussi être appliquées.
Plus tôt dans la journée, le Parlement européen a voté, et approuvé, à une écrasante majorité une résolution demandant "un embargo complet immédiat sur les importations russes de pétrole, de charbon, de combustible nucléaire et de gaz". La résolution a été adoptée par 513 eurodéputés, avec 22 voix contre et 19 abstentions. Les eurodéputés proposent aussi d'élargir le bannissement des banques russes du système financier international Swift, alors que seuls 7 établissements russes sont privés d'accès pour l'instant. Ils veulent également interdire le transport routier et maritime de marchandises vers la Russie.
Parallèlement, le G7 a lui annoncé le renforcement des sanctions économiques et financières visant Moscou. Le Groupe des sept veut interdire les nouveaux investissements dans des secteurs clés de l'économie russe, comme l'énergie, mais pour l'instant sans embargo total sur les importations, même si l'objectif est d'accélérer la fin de la dépendance aux hydrocarbures russes, en particulier le charbon et le pétrole. Les interdictions d'exportations devraient aussi être élargies.
Le G7 a le secteur de la défense dans le collimateur, avec l'intention d'"éroder les capacités de l'armée russe à faire la guerre". Il veut aussi resserrer l'étau autour des banques et entreprises publiques russes ainsi que "contre les élites et les membres de leurs familles qui soutiennent Poutine".
Enfin, les États-Unis ont officiellement décidé de révoquer le statut commercial de la Russie. Au cours d'un vote transpartisan fort, le Congrès américain a décidé d'instaurer des tarifs douaniers punitifs contre la Russie et la Biélorussie. Washington révoque aussi la clause de la "nation la plus favorisée", principe de réciprocité dans le libre-échange : de facto, la Russie va être coupée de la scène du libre-échange mondial, comme Cuba et la Corée du Nord.
Le Congrès a aussi voté sur une interdiction d'importer de l'énergie russe, suivant en cela la mesure prise par Joe Biden par décret début mars. Ces décisions auront un coût important pour la Russie, qui a vendu pour 30 milliards de dollars de marchandises aux États-Unis en 2021, dont 17,5 milliards de dollars de pétrole brut. Les élus américains ont aussi exigé que Washington demande à l'Organisation mondiale du commerce la suspension de la Russie.