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Antony Blinken en visite "historique" en Israël pour atténuer le différend sur l'Iran

Antony Blinken a entamé, dimanche, sa tournée au Proche-Orient et au Maghreb, avec en point d'orgue une rencontre dans le désert israélien du Néguev (sud), avec ses homologues de pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël. À l'ordre du jour : les pourparlers concernant le nucléaire iranien. 

Les États-Unis sont "déterminés" à empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire, a assuré, dimanche 27 mars à Jérusalem, le secrétaire d'État Antony Blinken qui cherche à atténuer les tensions avec Israël et des pays arabes sur un possible accord avec Téhéran.

Antony Blinken a entamé samedi soir une tournée au Proche-Orient et au Maghreb, avec en point d'orgue une rencontre dans le désert israélien du Néguev (sud), avec ses homologues de pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël.

La question du retour à un accord encadrant le programme civil nucléaire de l'Iran sera à l'ordre du jour de la rencontre ministérielle du Néguev.

Les États-Unis et l'Iran sont dans les dernières phases de pourparlers indirects à Vienne visant à relancer le pacte de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions qui asphyxient l'économie iranienne.

"Lorsqu'il est question des choses les plus importantes nous logeons à la même enseigne : nous sommes chacun engagés, déterminés, à faire en sorte que l'Iran n'obtienne jamais l'arme nucléaire", a dit Antony Blinken lors d'un point de presse à Jérusalem avec son homologue israélien Yaïr Lapid.

"Les États-Unis pensent que le retour à la mise en œuvre complète (de l'accord de 2015) est la meilleure façon de remettre le programme nucléaire iranien dans la boîte dans laquelle il était", avant le retrait unilatéral américain en 2018, a-t-il ajouté.

"Ils ne réussiront pas"

L'accord de 2015 s'est délité après le retrait américain suivi du rétablissement des sanctions contre l'Iran et après que Téhéran, en représailles, s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.

Mais Israël voit d'un mauvais œil un possible accord entre les grandes puissances et l'Iran, son ennemi numéro un, craignant de le voir profiter de l'accord pour se doter en douce de l'arme nucléaire.

"Nous avons un désaccord sur le programme nucléaire et ses conséquences mais sommes ouverts à un dialogue honnête", a déclaré Yaïr Lapid. "Israël et les États-Unis vont travailler ensemble pour empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire. Mais à la fois Israël va faire tout ce qui doit être fait pour stopper le programme nucléaire iranien (...) Les Iraniens veulent détruire Israël. Ils ne réussiront pas. Nous ne les laisserons pas faire", a-t-il dit.

"Accord ou non, nous allons continuer de travailler ensemble, et avec nos autres partenaires, pour contrer les agissements de l'Iran visant à déstabiliser la région", a souligné, après sa rencontre avec Antony Blinken, le Premier ministre israélien Naftali Bennett.

Antony Blinken s'est entretenu en début de soirée avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Mahmoud Abbas a critiqué le "deux poids deux mesures" des Occidentaux, prompts à invoquer le droit international pour imposer des sanctions à la Russie ayant envahi l'Ukraine, mais pas à Israël pour ses "crimes" contre les Palestiniens.

Le chef de la diplomatie américaine est ensuite parti pour Sde Boker dans le Néguev pour rencontrer avec Yaïr Lapid leurs homologues des Émirats arabes unis, du Maroc, de Bahreïn et de l'Égypte, qui sont arrivés en fin de journée.

"Unis" face à l'Iran

"La normalisation avec Israël est la nouvelle normalité", a déclaré Antony Blinken, alors que cette normalisation a rompu avec des décennies de consensus arabe conditionnant l'établissement de relations avec Israël avec la résolution du conflit israélo-palestinien.

Le Hamas, au pouvoir à Gaza, juge que la rencontre dans le Néguev servait à "légitimer les crimes" d'Israël et à "intégrer" l'État hébreu dans la région.

Au côté d’Antony Blinken, Naftali Bennett a annoncé dimanche une majoration de 12 000 à 20 000 du nombre de permis de travail en Israël pour les Palestiniens de Gaza.

Pour Yoel Guzansky, analyste senior au centre de recherche INSS de Tel-Aviv, la rencontre du Néguev "montre deux choses à la fois:  que la question palestinienne est au bas de l'ordre du jour et qu'il y a des dossiers plus urgents comme l'Iran". "C'est aussi un signe" qu'il y a "des acteurs dans la région qui sont unis" face selon lui aux "dangers" de Téhéran.

Après Israël, Antony Blinken doit se rendre au Maroc et en Algérie.

Avec AFP