Pour la dernière étape de sa tournée des 27 avant de prendre la présidence de l'Union européenne, Emmanuel Macron s'est rendu lundi à Budapest où il a rencontré le Premier ministre Viktor Orban. Il a constaté que la Hongrie "a la volonté assumée de ne pas avancer" sur l'État de droit ou les discriminations d'ici les élections d'avril. "On a parlé des autres sujets" afin de "faire avancer l'agenda européen", a indiqué le président français.
Chef de file de camps opposés dans l'Union européenne, l'europhile Emmanuel Macron et le nationaliste Viktor Orban ont pourtant affiché leur entente, lundi 13 décembre, à Budapest, se reconnaissant l'un l'autre, avec les mêmes termes, comme "adversaires politiques mais partenaires européens".
Les deux hommes, qui s'étaient rencontrés à Paris en 2019, ont préféré mettre en avant leur alliance sur des sujets comme le nucléaire ou la défense européenne, au programme de la présidence française de l'UE.
"Nous avons constaté nos désaccords" sur des sujets comme "l'État de droit, le respect des minorités, la lutte contre les discriminations et la corruption", au cœur des différends entre la Commission européenne et le gouvernement hongrois, a déclaré le président français devant des journalistes, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre hongrois.
"Il y a de manière assumée une volonté hongroise, jusqu'aux échéances électorales d'avril, de ne pas avancer sur ces sujets. Ça veut dire qu'il n'y aura pas de versements tant qu'il n'y aura pas d'avancées concrètes" de la part de l'UE, a-t-il ajouté.
"À partir du moment où c'est assumé par le gouvernement hongrois et qu'on constate nos désaccords, on a parlé des autres sujets" afin de "faire avancer l'agenda européen", a-t-il plaidé, à un mois du début de la présidence française de l'UE, pour laquelle la France cherche des alliés.
Les sujets problématiques "mentionnés"
Viktor Orban se prépare à des législatives très serrées au printemps 2022, face à une opposition qui se présente pour la première fois de manière unie et dont Emmanuel Macron a rencontré lundi après-midi les représentants.
"Adversaires politiques et partenaires européens en même temps : nous acceptons la définition de la France, patrie des encyclopédistes", a indiqué de son côté le Premier ministre hongrois, évoquant "une relation empreinte de respect".
Le président français a par ailleurs assuré avoir "explicitement mentionné tous les sujets problématiques", dont les droits de la communauté LGBT+. "Il n'y a pas eu d'ouverture de la part du gouvernement hongrois sur ces sujets, mais c'est la Commission européenne qui porte ce dialogue", s'est-il défendu.
"Il faut faire pression pour que nos valeurs soient respectées de manière intraitable" mais "je ne crois pas qu'on puisse apporter une réponse pertinente et durable à ces problèmes en excluant tel ou tel pays", a-t-il répété.
Des subventions européennes bloquées
La Pologne et la Hongrie ont adopté plusieurs lois qui sont contestées à Bruxelles, notamment un texte interdisant la représentation de l'homosexualité auprès des moins de 18 ans. Et comme Varsovie, Budapest conteste la primauté du droit européen sur le droit national.
En riposte, la Commission a lancé plusieurs procédures à leur encontre pour atteinte aux valeurs de l'UE, en particulier un mécanisme de "conditionnalité" des aides européennes, qui bloque le versement de subventions à la relance.
Avec la Hongrie, "je souhaite qu'on avance sur le paquet migratoire, les sujets climatique et énergétique, la boussole stratégique, les sujets de défense et le cap macroéconomique", "des sujets que je vais reprendre avec les quatre membres du groupe de Visegrad", a-t-il conclu.
Lors de sa déclaration commune avec Viktor Orban à la mi-journée, Emmanuel Macron, qui a remercié la Hongrie pour sa participation au groupement européen de forces spéciales Takuba au Sahel, initié par Paris "pour lutter contre le terrorisme", avait souligné sa volonté d'alliance avec Budapest sur des sujets comme le nucléaire et la défense, malgré les désaccords avec ce gouvernement souverainiste à l'opposé de ses positions europhiles.
Le chef de l'État devait participer lundi soir à la séance plénière du sommet des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie).
Avec AFP