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C'est une première au Venezuela depuis 2017 : ce dimanche se tiennent les élections régionales et municipales, avec la participation d'une opposition divisée et la présence d'observateurs internationaux. 

La participation s'annonçait "très bonne" dimanche 21 novembre lors des élections régionales au Venezuela qui voient le retour des observateurs internationaux après 15 ans d'absence, un scrutin qui constitue un point de départ pour le pouvoir et l'opposition, qui a rompu avec la stratégie de boycott. 

"Nous allons avoir une très bonne participation", a affirmé le président du Conseil national électoral (CNE) Pedro Calzadilla, sans toutefois donner de chiffres lors d'une conférence de presse alors qu'il y avait des files d'attente devant de nombreux bureaux de vote du pays au début de l'après-midi. 

Il a précisé que "tout fonctionne comme prévu" malgré des "petits incidents" (retard à l'ouverture notamment). 

Tout se passe avec "tranquillité" a confirmé la chef de la mission électorale européenne l'euro-députée portugaise Isabel Santos, qui présentera un rapport préliminaire sur le scrutin mardi.

Quelque 21 des 30 millions de Vénézuéliens élisent - sur 70 000 candidats en lice - 23 gouverneurs ainsi que les maires et conseillers de 335 communes de ce pays touché par une crise économique inédite et par l'hyper-inflation. 

Les bureaux de vote, dotés de machines, ont ouvert à 6h00 locales (10h00 GMT) et fermeront en théorie à 18h00 (22h GMT) avec des résultats attendus vers "2 ou 3 h du matin" selon une source au sein du Conseil national électoral (CNE). 

Dans certains bureaux des files d'attente ont commencé à se former. 

"Je viens exercer mon droit de vote dans un pays démocratique. Chaque élection est un bienfait pour ce pays béni malgré tous ses problèmes", a affirmé José Casanova, 74 ans, militante chaviste (du nom de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale latino-américaine et défunt prédécesseur de Nicolas Maduro) après avoir voté dans le grand quartier populaire de Petaré (Est de Caracas).

Victoire annoncée pour les chavistes

Le président Nicolas Maduro cherche à faire lever les sanctions économiques qui pèsent sur son pays en donnant des gages de bonne volonté et de démocratie. 

De son côté, l'opposition divisée a finalement décidé d'aller au scrutin, en espérant qu'il lui permettra d'impulser une dynamique positive en vue de la présidentielle de 2024. 

Le résultat ne fait guère de doute: le chavisme devrait l'emporter haut la main, lors d'un scrutin à un seul tour face à une opposition morcelée, estime le politologue Pablo Quintero.

Henrique Capriles, deux fois deuxième de la présidentielle, a reconnu que sans union, "soyons honnêtes: le PSUV (parti socialiste uni du Venezuela, au pouvoir) va gagner". 

Selon les observateurs, l'opposition pourrait l'emporter dans six États tout au plus : Tachira, Zulia, Lara (Ouest), Nueva Esparta (île) ou Sucre et Anzoategui (est).

Démocratie contre levée des sanctions

Faisant face à des sanctions économiques, notamment de la part des États-Unis qui veulent évincer Maduro du pouvoir, Caracas cherche à desserrer l'étau.

Objectif : donner des gages de démocratie "pour faire lever au moins partiellement les sanctions, notamment celles sur le pétrole", estime Oswaldo Ramirez, consultant.

Caracas, dont une partie des fonds à l'étranger sont gelés, veut pouvoir plus facilement vendre son pétrole, dont les États-Unis étaient le principal acheteur, et pouvoir importer sans difficultés.  

Le pouvoir a fait des concessions. Il a ouvert des négociations avec l'opposition et invité des missions d'observation de l'UE, de l'ONU ou de la fondation Carter.

C'est la première fois que l'UE va observer un scrutin au Venezuela depuis 15 ans. Habituellement à cheval sur sa "souveraineté", Caracas a même avalé quelques couleuvres comme des déclarations de Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'UE. Cela "montre que le régime a besoin de cette mission" qui crédibilise le scrutin, selon un opposant. 

"Unifier la lutte"

L'opposition qui a boycotté la présidentielle de 2018 et les législatives de 2020 a rompu avec sa stratégie mais malgré de nombreux discours vantant l'union, les différentes tendances n'ont pas réussi à fusionner leurs listes. 

"Indépendamment du résultat, il doit y avoir une réorganisation et une relance de toutes les forces démocratiques", a affirmé vendredi Henrique Capriles, qui a appelé les Vénézuéliens à voter.

Juan Guaido, sans pouvoir mais reconnu président par interim par une cinquantaine de pays, dit aussi qu'il faut "unifier la lutte". Il a indiqué qu'il n'irait pas voter. "Voter ou non (...) il n'y a pas de dilemme, il y a une certitude Maduro est et continuera à être illégitime". 

"Préparons nous à une grande élection pour que ce soit une grande victoire de la démocratie, de la constitution, de la liberté républicaine", a lancé le président Maduro, qui se frotte les mains de cette division. 

"Il n'y a pas de possibilité de fraude avec les machines", souligne un spécialiste électoral de l'opposition "mais il peut y avoir de la coercition, de la persécution, de la motivation (achat de voix, service etc...), une inégalité de l'accès aux médias". 

Avec AFP