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Lors de ce déplacement censé asseoir la stature internationale de Marine Le Pen avant la présidentielle de 2022, la candidate du Rassemblement national (RN) et le Premier ministre hongrois, Viktor Orban ont affiché, mardi, leur proximité idéologique sur les questions migratoire et de souveraineté.  

Ils partagent la même rhétorique anti-européenne. Contre "l'asservissement" de l'UE et la "submersion migratoire", Marine Le Pen a apporté son soutien, mardi 26 octobre, à Budapest, au dirigeant ultraconservateur hongrois Viktor Orban, à l'occasion de leur premier tête-à-tête.

C'était pour la candidate du Rassemblement national (RN) un rendez-vous très attendu, un mois après la visite du polémiste Éric Zemmour, son rival potentiel mais non encore déclaré à la présidentielle française de 2022, et de sa nièce Marion Maréchal.

Escorte policière, tapis rouge, déjeuner en petit comité et conférence de presse "officielle": Mme Le Pen s'est dite "honorée" de l'accueil que Viktor Orban lui a réservée au monastère des Carmélites, aujourd'hui bureau du Premier ministre, surplombant le Danube. Éric Zemmour n'avait eu, lui, droit qu'à un entretien privé.

Menacée d'être écartée dès le premier tour de la présidentielle d'avril, selon certains sondages récents, Marine Le Pen a cherché à asseoir sa stature en s'affichant aux côtés du Premier ministre hongrois, défenseur des valeurs "illibérales" en Europe.

Interrogé sur le scrutin à venir, Viktor Orban s'est cependant gardé de "prendre position", "la décision revenant au peuple français".

"En quête de partenaires"

Devant la presse, tous deux ont martelé leur message souverainiste, à quelques mois d'élections nationales délicates pour elle, très serrées pour lui.

À l'unisson de Viktor Orban, Marine Le Pen a vivement critiqué la "brutalité idéologique" de l'Union européenne, refusant tout principe de primauté du droit européen en référence au récent bras de fer polonais.

Et de fustiger un "pouvoir centralisé bruxellois enivré de sa propre existence, de sa puissance et de son omnipotence",  une "volonté d'asservissement" de l'Union européenne.

Dans ce contexte, les deux figures souverainistes ont prôné une alliance des nations.

Viktor Orban, dont le parti a quitté en mars le groupe PPE (droite) au Parlement européen, a expliqué être "en quête de partenaires pour coopérer dans cette nouvelle ère". Et le camp de Marine Le Pen est "incontournable", a-t-il dit, saluant son "soutien" inébranlable au fil des ans.

Au sujet de cette alliance des nations, la visite n'a toutefois donné lieu à aucune annonce concrète.

"Je pense que tant que les forces patriotes et souverainistes ne sont pas alliées au sein du Parlement européen, elles ont évidemment moins de poids que si nous arrivons à constituer ce grand groupe que nous appelons de nos vœux depuis déjà un certain nombre de temps", a-t-elle insisté ensuite devant la presse.

Le sujet n'a guère avancé depuis la publication, en juillet, d'une "déclaration commune" entre la candidate du RN et une quinzaine d'alliés en Europe, dont le Premier ministre hongrois.

"Je ne cherche pas des clones"

En attendant, Marine Le Pen a pris soin de gommer les divergences, mettant plutôt en avant la "question de l'immigration", chère aux deux responsables.

Elle a ainsi étrillé "ce fléau dont nos nations doivent impérativement se préserver" et la "submersion migratoire que veut organiser l'UE".

Sur le reste, Viktor Orban est, comme Éric Zemmour et Marion Maréchal, plus libéral sur le plan économique, et plus conservateur sur le plan des valeurs sociétales que Marine Le Pen. 

Une proximité idéologique affichée par le trio fin septembre, prompt à brandir la "théorie du grand remplacement" (théorie complotiste d'un remplacement de la population européenne par une population immigrée, NDLR) sur la scène d'un "sommet de la démographie" à Budapest.

De même n'hésitent-ils pas à agiter la propagande du "lobby LGBT+".

Mais la candidate du RN a refusé de critiquer la récente loi hongroise interdisant "la promotion et la représentation de l'homosexualité" auprès des moins de 18 ans. 

"Je ne cherche pas des clones", a-t-elle lancé. "Comme je suis fondamentalement attachée à la souveraineté de chacune des nations, il ne me viendrait pas à l'esprit de venir donner des leçons au peuple hongrois".

À six mois de la présidentielle, ces différences paraissent secondaires au regard de son "besoin de regonfler son image à elle", et "de dire à cet électorat tenté par Éric Zemmour que question autoritarisme, elle a aussi quelques galons", commente l'historien Nicolas Lebourg, auteur d'un essai sur "Les droites extrêmes en Europe".

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Avec AFP