logo

Le Congrès américain a approuvé jeudi un budget temporaire pour éviter le défaut de paiement. Le texte a été promulgué par Joe Biden quelques heures avant l’échéance, ce qui a permis d'éviter la paralysie des services de l'État fédéral. 

Le Congrès américain a approuvé une loi de finances provisoire, jeudi 30 septembre, pour éviter la paralysie des services fédéraux. Par 254 voix contre 175, la Chambre des représentants a approuvé ce texte qui prolonge le budget actuel jusqu'au 3 décembre, déjà adopté plus tôt par le Sénat avec une majorité confortable. Le président démocrate Joe Biden a signé, quelques heures avant l’échéance (minuit), le budget temporaire.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, s'est réjoui de ce rare moment d'union alors qu'il y a "tellement de choses à régler ici". Car maintenant que la menace de cette paralysie budgétaire – surnommée "shutdown" – a été écartée, les parlementaires doivent s'atteler sans plus attendre à déjouer une terrible menace financière : le risque que les États-Unis ne puissent plus honorer leurs paiements à partir du 18 octobre si la limite d'endettement du pays n'est pas relevée ou suspendue d'ici là.

États-Unis : le "shutdown" évité après le vote d'une loi de finances par le Congrès

Un défaut de la première puissance mondiale, inédit, provoquerait un cataclysme financier mondial. Bien conscients du danger, républicains et démocrates ne parviennent pas pour autant à se mettre d'accord sur la façon de l'éviter.

Un risque de défaut souverain

Dans un Congrès profondément divisé, le sujet est devenu hautement politique, car l'opposition a lié la dette à un plan historique de Joe Biden, qui prévoit 3 500 milliards de dollars pour réformer en profondeur le tissu social des États-Unis et investir massivement dans la lutte contre le changement climatique.

Une folie exorbitante, dénoncent les républicains, qui refusent donc absolument de participer de près ou de loin à toute mesure visant à relever le plafond de la dette. Or, ils disposent d'une minorité de blocage au Sénat. Ils exhortent les démocrates à employer une manœuvre parlementaire qui leur permettrait de l'approuver avec leur seule courte majorité.

Bien trop "risqué", jugent les chefs démocrates, car elle requiert trop de temps alors que les parlementaires ont moins de trois semaines pour éviter un défaut souverain. Ils martèlent que seule une infime partie de cette dette a été accumulée sous le mandat de Joe Biden, arrivé à la Maison Blanche en janvier. Il s'agit en fait de payer les "cartes de crédit" de Donald Trump, assènent les démocrates, et des précédents présidents. Ils appellent donc les républicains à coopérer. Aucune issue n'apparaît pour l'instant évidente.

Joe Biden à la manœuvre

En parallèle, une guerre intestine entre l'aile gauche des démocrates et les plus centristes menace le cœur du programme de Joe Biden. Fier de sa longue expérience de sénateur, le président a multiplié cette semaine les réunions à la Maison Blanche pour tenter de rassembler ses troupes autour de ses deux plans colossaux d'investissements : le projet historique d'investir 1 200 milliards de dollars dans les infrastructures américaines et le volet titanesque sur les réformes sociales.

Après des heures de négociations frénétiques, l’aile gauche du parti et les plus centristes ne sont pas parvenus à un accord à la Chambre. Les chefs démocrates du Congrès américain ont alors décidé de reporter le vote pour approuver définitivement ce vaste plan d’investissements. La séance a été ajournée jusqu’à vendredi matin.

"Il y a eu beaucoup d’avancées cette semaine et nous sommes plus proches que jamais d’un accord", a réagi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki. "Mais nous n’y sommes pas encore parvenus et nous allons donc avoir besoin de plus de temps pour finir le travail."

Le Sénat avait approuvé dès août le plan d'infrastructures, qui devait être soumis à un vote final à la Chambre ce jeudi. Des dizaines d'élus de l'aile gauche démocrate menaçaient de faire échouer ce vote, furieux de ne pas avoir reçu plus de garanties que le vaste plan de réformes sociales serait aussi adopté.

Ils se méfient de deux sénateurs centristes, Joe Manchin et Kyrsten Sinema, qui affirment que son montant est trop élevé. Les majorités démocrates sont si étroites que toute défection pourrait tuer ce plan. 

L'administration Biden tentait déjà jeudi de préparer l'opinion publique à l'éventualité d'un report de l'adoption des deux gigantesques projets. "Il ne s'agit pas d'un cataclysme majeur s'il n'y a pas de vote aujourd'hui", a déclaré sur CNN la ministre de l'Énergie, Jennifer Granholm.

Mais le temps presse : les démocrates risquent de perdre leur majorité lors des élections parlementaires de novembre 2022.

Avec AFP