Le bilan des intempéries dévastatrices en Europe a atteint vendredi au moins 128 morts, la plupart en Allemagne et en Belgique, où de nombreuses personnes restent disparues, faisant craindre une tragédie bien plus grave encore. Les Pays-Bas et le Luxembourg sont également touchés.
Il s'agit de la pire catastrophe naturelle en Allemagne depuis la guerre. De nombreux villages de l'ouest du pays présentent une image de désolation. Dans cette vaste zone affectée par les inondations subites causées par des pluies diluviennes, le nombre de victimes a augmenté, vendredi 16 juillet, à au moins 108 morts, selon les autorités locales.
"Je crains que nous ne voyions toute l'étendue de la catastrophe que dans les prochains jours", a prévenu jeudi soir la chancelière Angela Merkel, en visite à Washington.
Les inondations ont également dévasté une bonne partie de la Belgique depuis mercredi et ont fait au moins 20 morts, tandis que 20 personnes étaient portées disparues, selon un bilan provisoire fourni vendredi par la ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden.
Ce sont "les inondations les plus catastrophiques que notre pays ait jamais connu", a déclaré le Premier ministre belge, Alexander De Croo, lors d'une conférence de presse vendredi après-midi. "La priorité est de sauver les victimes", a-t-il déclaré, rappelant que la "phase nationale" avait été déclenchée jeudi après-midi et soulignant que le bilan définitif n'était pas encore connu. Le chef de l'État a également décrété mardi 20 juillet jour de deuil national.
Le mardi 20 juillet sera un jour de deuil national.
Un moment pour se recueillir sur le lourd bilan humain,mais aussi pour saluer les élans de solidarité et le sentiment d'union dans la population.
Le Luxembourg et les Pays-Bas, où plusieurs quartiers de Maastricht ont dû être évacués, ont également été durement touchés. L'ensemble de ces pays déplorent à ce stade au moins 126 décès.
En Allemagne, le bilan est probablement appelé à grimper en raison du nombre de personnes toujours portées disparues. Une des régions les plus touchées, la Rhénanie-Palatinat, a vu le nombre de décès recensés passer vendredi matin de 28 à 60.
Près de Cologne, de nombreuses personnes étaient portées disparues et "plusieurs morts" dénombrés après un glissement de terrain consécutif aux crues, selon une porte-parole du district. Les images de la zone sinistrée montraient un vaste cratère dans lequel se déversaient des masses de terre, d'eau brune et de débris.
Plusieurs centaines de soldats mobilisés
Rien qu'en Rhénanie-Palatinat, les autorités ont indiqué être toujours sans nouvelles de 1 300 personnes dans le canton le plus frappé, celui de Bad Neuenahr-Ahrweiler, ce qui pourrait toutefois être lié aux perturbations téléphoniques.
Concrètement, "nous tablons encore sur 40, 50 ou 60 disparus et quand vous avez des personnes qui n'ont pas donné signe de vie depuis tant de temps (...) on doit craindre le pire", a déclaré son ministre de l'Intérieur Roger Lewentz.
Il doit en outre continuer à pleuvoir dans certaines régions de l'ouest du pays. Et le niveau du Rhin et de plusieurs de ses affluents monte dangereusement.
Près d'un millier de soldats ont été mobilisés pour aider aux opérations de secours et de déblaiement dans les villes et villages, qui tous offrent le même spectacle : rues et maisons sous les eaux, voitures renversées, arbres arrachés.
Des "milliards d'euros" de dégâts -
"C'est une catastrophe unique d'une ampleur sans précédent", assène Gerd Landsberg, directeur général de l'association allemande des villes et municipalités. "À en juger par les dégâts, des milliards d'euros sont en jeu", chiffre-t-il.
Ces intempéries ont placé la question du réchauffement climatique au centre de la campagne électorale, qui bat son plein en Allemagne en vue du scrutin législatif du 26 septembre au terme duquel Angela Merkel quittera le pouvoir.
Une atmosphère plus chaude retient en effet davantage d'eau et peut provoquer des précipitations d'extrême intensité. Celles-ci peuvent avoir des conséquences particulièrement dévastatrices en zones urbaines, avec des cours d'eau mal drainés et des constructions en zone inondable.
Dans les pays les plus touchés, il est ainsi tombé en deux jours l'équivalent de deux mois de précipitations, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Tous les candidats rivalisent de promesses, à deux mois et demi des élections. Le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, a exhorté vendredi, dans une déclaration solennelle, à lutter "résolument" contre le réchauffement climatique.
Au moins 20 morts en Belgique
Les inondations qui touchent la Belgique, principalement l'est et le sud du pays, ont fait au moins 20 morts, tandis que 20 personnes étaient portées disparues, selon la ministre de l'Intérieur, vendredi à la mi-journée.
L'eau se retirait progressivement des zones inondées vendredi et les secours s'attendaient à découvrir d'autres victimes. "On peut s'attendre à de mauvaises surprises", a déclaré Antoine Iseux, porte-parole du centre de crise en Belgique.
La Wallonie, région francophone du sud de la Belgique, est particulièrement touchée et restait en grande partie en état d'"alerte de crue", selon une carte actualisée vendredi matin par les autorités régionales.
Pompiers, forces de l'ordre et armée participaient aux missions de sauvetage et d'évacuation dans les zones inondées. Selon l'agence Belga, la Défense belge a engagé un hélicoptère pour prêter secours à des personnes bloquées sur un toit à Pepinster (province de Liège).
Plus de 21 000 personnes étaient privées d'électricité dans la région, selon le gestionnaire des réseaux de distribution d'électricité et de gaz en Wallonie (Ores), faisant état de l'inondation de 300 cabines de distribution.
L'eau courante était par ailleurs jugée non potable en raison des conditions météorologiques dans plusieurs communes de la province de Liège. D'après la police fédérale, des dizaines de tronçons routiers restaient fermés à la circulation, et une majeure partie du trafic ferroviaire était interrompu en Wallonie. Aucun TGV Thalys ne circulera vendredi entre la Belgique et l'Allemagne.
À Liège, quatrième ville la plus peuplée de Belgique, les autorités locales avaient appelé, jeudi après-midi, des milliers d'habitants des quartiers bordant la Meuse à quitter leur logement, en prévision d'une forte montée du niveau du fleuve.
Le niveau de l'eau en centre-ville n'a finalement pas augmenté durant la nuit et commençait à baisser "tout doucement" dans le quartier le plus touché, a indiqué vendredi la police liégeoise, tout en rappelant que de nombreux axes routiers alentours restaient fermés.
Avec AFP