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Contrariés par les récentes frictions qui ont secoué la majorité, le président et son Premier ministre sont intervenus, mardi, pour remettre un peu d'ordre. Cibles de leurs critiques : les tribunes publiées par des élus de droite dans la presse.

Les sujets de discorde et  les règlements de comptes publics entre membres de la majorité parlementaire finissent par agacer Nicolas Sarkozy et son Premier ministre. Les récentes frictions à propos de la taxe professionnelle, du grand emprunt national et - dans une moindre mesure - du droit à l’image collective des sportifs ont été mal digérées par le duo à la tête de l’exécutif. Et ils l’ont fait savoir en intervenant mardi, à tour de rôle, pour réaffirmer leur autorité sur leur camp. 

Dans la ligne de mire de Nicolas Sarkozy, les deux tribunes publiées en moins d’une semaine dans la presse par des élus de la majorité. Le président a réprimandé ses troupes lors d’une  réunion des dirigeants de l’UMP à l’Élysée. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, tête de proue des 23 sénateurs qui ont cosigné l’appel contre la réforme de la taxe professionnelle, a essuyé les reproches les plus sévères, selon le témoignage de plusieurs participants.

"Une chose est certaine : la démarche que vous avez eue, ce n'est pas formidable […]. De la part d’un ancien Premier ministre, on attend autre chose", lui a asséné le chef de l’État. "Les réformes, c'est difficile. Il faut rester unis [...]. Ce
n'est pas une tribune qui infléchira ma décision", a-t-il ajouté. "Ma lecture de cette réunion n’est pas celle d’un sermon, mais celle d’un constat, réciproque, d’une divergence quant à la décentralisation", a réagi Jean-Pierre Raffarin sur son blog.

Le limogeage de Rama Yade évoqué à demi-mot

Les tribunes ont également courroucé François Fillon qui s’est exprimé, pour sa part, devant le groupe parlementaire UMP de l’Assemblée nationale. "Je préfère qu’il y ait un débat ici plutôt que dans la presse" a-t-il déclaré aux élus de son camp.  Le Premier ministre, qui s’est pourtant qualifié lui-même d'"inénervable", s’est montré agacé par Rama Yade, la secrétaire d'État aux sports, dont il a évoqué à demi-mot le limogeage.

"J'ai fait savoir à la secrétaire d'État ce que je pensais de la méthode qui consiste à se désolidariser de son ministre. Il faudra en tirer les conséquences le moment venu", a t-il lancé. Rama Yade s’était élevée contre la suppression du droit à l'image collective des sportifs, contredisant sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot.

Affaires Mitterrand et Jean Sarkozy

Enfin, le Premier ministre a attaqué, sans le nommer, Henri Guaino. Considéré comme le principal promoteur du projet de grand emprunt, l’influent conseiller élyséen a dénoncé en des termes très durs, mardi, les réserves du ministre du Budget Eric Woerth à propos des montants évoqués dans la tribune des 63 députés UMP. "Les conseillers du président ne font pas partie de l'exécutif", a tranché le chef du gouvernement.

Les critiques et les querelles publiques, incriminées par l’exécutif, sont intervenues après les affaires Mitterrand et Jean Sarkozy, qui ont gâché la rentrée politique de la majorité. Ce recadrage au plus haut niveau de l’État sonne comme la fin de la récréation pour le camp de la majorité. Comme un symbole, à mi-mandat, la cote d'approbation de l'action du chef de l’État, mesurée par un récent  sondage de l’Ifop, a atteint "son plus mauvais résultat depuis son élection".