
La médiatrice de l'Union européenne, l'Irlandaise Emily O'Reilly, reçoit annuellement environ 2 500 plaintes de citoyens, d'entreprises, d'ONG, d'universités. Elle répond aux questions de Caroline de Camaret sur l'impact de la crise du Covid sur sa fonction. Selon elle, les institutions de l'Union européenne doivent être aussi transparentes que possible sur les vaccins et sur tous les sujets qui ont trait à la pandémie. "Si les citoyens croient ou craignent qu’il y a des choses cachées, cela risque de faire monter le sentiment anti-vaccin et c’est dangereux".
Elle souligne qu’après la polémique sur AstraZeneca, la Commission européenne a publié le contrat qui liait l'institution au laboratoire, ainsi que de plus en plus de documents concernant les vaccins. Il reste cependant des problèmes, selon elle, car "certaines entreprises ne veulent pas divulguer tous les documents. Mais c’est la Commission qui protège l’intérêt public et ça c’est la valeur la plus élevée".
Emily O'Reilly estime par ailleurs que l’Agence européenne du médicament (EMA) remplit bien son rôle, "en toute indépendance". Elle a demandé à ce que l'EMA soit "la plus transparente possible, surtout sur les liens avec les compagnies pharmaceutiques" et affirme qu'"à la suite de nos enquêtes, [elle est] convaincue que l'EMA agit de façon très transparente." Elle est en revanche critique vis-à-vis du Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) qui "malgré son titre, n’a qu’un faible pouvoir et peu d’indépendance, car il est trop lié aux États membres".
La médiatrice de l'UE évoque aussi son enquête en cours sur l'agence européenne Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, récemment mise en cause pour ses atteintes aux droits humains. "Si quelqu’un est maltraité par Frontex, il a la possibilité de déposer une plainte. Nous menons par la suite une enquête", assure-t-elle, insistant sur le fait que ses équipes mènent actuellement "une enquête sur la façon dont Frontex gère son mécanisme de plainte". "Mais ce n’est pas que le problème de Frontex. Cela rejoint l’inquiétude sur les droits fondamentaux, et c’est un débat au niveau européen sur la protection des frontières et aussi la protection des gens qui veulent venir en Europe", ajoute-t-elle.
Enfin, elle souhaite que la Ville de Strasbourg, où se situe son bureau, reste le siège du Parlement européen car "c’est une belle ville chargée d’histoire et dont l’histoire est liée à l’union européenne."
Émission préparée par Isabelle Romero, Mathilde Bénézet, Céline Schmitt et Perrine Desplats.