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En Israël, un dirigeant de l'opposition tend la main à Netanyahu pour sauver les otages
Benny Gantz, chef du parti d'opposition Union nationale (centre droit) a lancé samedi soir un appel au Premier ministre Benjamin Netanyahu et à deux autres dirigeants de l'opposition pour former un gouvernement temporaire permettant de libérer tous les otages à Gaza en écartant l'extrême droite du pouvoir.
Le ministre israélien Benny Gantz avait annoncé sa démission lors d'une allocution télévisée dans la ville israélienne de Ramat Gan, près de Tel-Aviv, le 9 juin 2024. © Jack Guez, AFP

"J'en appelle à Netanyahu, Yaïr Lapid et Avigdor Lieberman. Il est temps de former un gouvernement de rachat des prisonniers", a déclaré samedi 23 août Benny Gantz, chef du parti d'opposition Union nationale (centre droit), proposant au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de former un gouvernement temporaire permettant de libérer la cinquantaine d'otages, vivants ou morts, encore détenus dans la bande de Gaza.

Ces otages avaient été enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Depuis le départ de sa coalition en juillet de partis ultra-orthodoxes ashkénazes, Benjamin Netanyahu n'a plus de majorité absolue au Parlement et est tributaire de ses alliés d'extrême droite, qui refusent tout accord de libération d'otages avec le Hamas, et plaident pour la poursuite de la guerre jusqu'à l'anéantissement du mouvement palestinien à Gaza.

Yaïr Lapid, chef du premier parti de l'opposition, Yesh Atid (centre), dispose de 24 députés à la Knesset. Quant à Avigdor Lieberman, chef du parti nationaliste Israël Beiteinou, en compte 8, soit autant que Benny Gantz.

Avec les 32 députés du parti de Benjamin Netanyahu, le Likoud (droite), ces trois partis pourraient former une coalition disposant d'une majorité de 72 sièges (sur 120) au Parlement.

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"Guerre éternelle"

"Le devoir de notre État est avant tout de sauver la vie des Juifs et de tous les citoyens. Chaque otage en danger de mort pourrait être notre fils, votre fils", a ajouté Benny Gantz lors d'une conférence de presse.

En Israël, un dirigeant de l'opposition tend la main à Netanyahu pour sauver les otages
Un manifestant est allongé sur le sol, pour symboliser un otage israélien, lors d'une manifestation anti-gouvernementale organisée par les familles des Israéliens retenus en otages dans la bande de Gaza, le 23 août 2025 © Jack GUEZ / AFP

Au même moment, des dizaines de milliers d'Israéliens manifestaient, comme chaque samedi soir, à Tel-Aviv en soutien aux otages et pour exiger du gouvernement la fin de la guerre et un accord permettant leur libération.

"Au lieu de sauver des vies, Netanyahu condamne les otages encore vivants à la mort [et] il nous condamne à une guerre éternelle et inutile", a déclaré devant les manifestants Yotal Cohen, frère de Nimrod Cohen, un de la vingtaine d'otages présumés encore vivants.

Benny Gantz a indiqué avoir lancé son appel sans en informer préalablement les intéressés et ni Benjamin Netanyahu ni Yaïr Lapid et Avigdor Lieberman n'y ont encore réagi publiquement.

Le Hamas a approuvé lundi un projet d'accord prévoyant, selon des sources palestiniennes, une trêve de 60 jours durant laquelle les otages seraient relâchés en deux temps en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.

Jeudi soir, Benjamin Netanyahu a annoncé avoir ordonné des "négociations immédiates" en vue de "la libération de tous [les] otages et mettre fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël" (ce qui inclut un désarmement de tous les groupes palestiniens dans la bande de Gaza), sans faire référence à la proposition des médiateurs (Égypte, États-Unis et Qatar) approuvée par le mouvement islamiste.

Le gouvernement israélien doit néanmoins encore confirmer l'envoi d'une délégation de négociateurs pour un nouveau cycle de discussions en un lieu qui n'a pas encore été précisé par les médiateurs.

S'il a plaidé pour un accord avec le Hamas permettant la libération des otages, Benny Gantz, ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, n'en a pas pour autant appelé à la fin de la guerre.

"Nous sauverons nos frères"

"Les terroristes du Hamas qui affament les otages doivent mourir, comme les nazis. Nous les chasserons jusqu'à leur dernier jour. Mais avant tout, nous sauverons nos frères", a-t-il déclaré.

En Israël, un dirigeant de l'opposition tend la main à Netanyahu pour sauver les otages
Des manifestants brandissent des pancartes au milieu des fumées d'extincteurs lors d'une manifestation organisée par les familles des Israéliens retenus en otages dans la bande de Gaza, devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, le 23 août 2025 © Jack GUEZ / AFP

Le gouvernement qu'il propose commencerait son mandat "par un accord sur les otages qui ramènera tout le monde à la maison" avant de faire adopter une loi fixant "un cadre de service militaire qui intégrera nos frères ultra-orthodoxes" avant de fixer des élections pour le printemps 2026, a-t-il dit.

Les ultra-orthodoxes échappent largement à la conscription et cette exemption de fait est de plus en plus mal supportée, surtout en temps de guerre, par le reste de la population israélienne, largement favorable à leur enrôlement sous les drapeaux des 18 ans comme le reste de la population soumise au service militaire.

Le départ des partis ultra-orthodoxes ashkénazes de la majorité en juillet s'est fait à la suite d'un différend sur cette question clivante.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62 622 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

Avec AFP