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Les médias accusés de servir la campagne du président Ben Ali

Un rapport publié vendredi par plusieurs associations tunisiennes affirme que la campagne du chef de l'État sortant, Zine el-Abidine Ben Ali, a bénéficié de plus de 97 % de l'espace médiatique consacré à l'élection présidentielle de dimanche.

AFP - Un collectif d'associations a dénoncé la couverture réservée par les médias locaux à la campagne précédant la présidentielle et les législatives de dimanche en Tunisie, dans un rapport publié vendredi.

Selon ce rapport, le président sortant Zine El Abidine Ben Ali a eu droit à 97,22% de l'espace consacré par la presse écrite, contre 0,22% à Ahmed Brahim son principal rival candidat du parti Ettajdid (opposition, légal).

Ce pourcentage s'est aussi réduit à 1,28% pour Mohamed Bouchiha, chef du Parti de l'unité populaire (PUP) et à 1,27% pour Ahmed Inoubli de l'Union démocratique unioniste (UDU), tous deux postulants à la présidentielle.

La présence de Mme Leila Ben Ali, épouse du chef de l'Etat sortant, a été mesurée à 14,12% dans la presse écrite contre 12,91% pour l'ensemble des partis d'opposition, selon des résultats préliminaires portant sur la première semaine de la campagne (11 au 17 octobre).

S'agissant des législatives, le parti de M. Ben Ali a eu droit à 69,9% dans la presse publique et 50,7% dans la presse privée, ces pourcentages allant de 13,6% à 0,5% pour ses adversaires en lice.

"Nous avons constaté une disproportion significative dans le temps et l'espace alloués", a affirmé Sana Ben Achour, présidente de l'Association des femmes démocrates (ATFD, féministe).

Celle-ci a coordonné le travail de cinq ONG, dont le Ligue de défense des droits de l'Homme et d'autres considérées comme hostiles au pouvoir.

La journaliste dissidente Sihem Bensedrine a contribué au rapport et sa webradio "Kalima" a été retenue dans l'échantillon des médias analysés.

Les auteurs font état de "régression" et consacrent des chapitres aux "obstacles à la liberté d'expression" et aux "pressions sur les journalistes".

Le document est basé sur l'observation de deux chaînes de télévision, (TV7, publique) et Hannibal TV (privée), trois radio (officielle et privées) et sept quotidiens privés et étatiques de langues française et arabe.

L'analyse du contenue des médias audiovisuels devrait être inclue dans une version finale du rapport prévue fin novembre, selon Sana Ben Achour.