Cette semaine dans Ici l'Europe, nous recevons le député européen français du groupe des Verts, Yannick Jadot, dont l’actualité est dominée par un rapport sur la taxation carbone aux frontières de l’Union européenne. Militant de toujours de la cause écologiste et élu du Parlement européen depuis 2009, il nous dit ce qu'il pense de la stratégie vaccinale de l'Union et des négociations menées par la Commission. Il parle aussi de ses ambitions politiques nationales pour l’élection présidentielle de 2022, qu'il ne cache pas, fort d'une troisième place aux dernières élections européennes.
Même s’il est d’accord avec l’initiative de Bruxelles de mutualiser les achats de vaccins, Yannick Jadot soutient que "les personnes qui ont géré la négociation avec les laboratoires n’étaient pas les bonnes personnes. Il aurait fallu quelqu’un de beaucoup moins frileux pour taper du poing sur la table".
Il affirme que les écologistes du Parlement européen ont engagé un "bras de fer avec la Commission pour dire que les citoyens européens méritent la transparence sur les contrats" et sont prêts à aller “devant la Cour de Justice européenne pour imposer à la Commission son devoir de transparence" car "l’Europe se fait balloter, manipuler par les laboratoires".
Il faut selon lui "racheter les brevets, produire massivement, en réunissant tous les laboratoires autour de la table pour faire les meilleurs vaccins et mettre le paquet sur les capacités de production pour massifier la vaccination chez nous et dans le reste du monde". Il cite en exemple le laboratoire allemand CureVac, qui est "le seul labo à dire 'moi, je suis prêt pour les licences obligatoires, je suis prêt à partager ma recherche, mes brevets, pour qu’on vaccine le monde'", initiative qu’il souhaite "imposer aux autres labos".
Il regrette que certains pays européens mettent leurs idéaux démocratiques de côté pour négocier les vaccins russes ou chinois : “Si on veut porter les valeurs de la démocratie et des libertés fondamentales, si on veut défendre notre souveraineté économique, il faut aussi utiliser notre marché pour imposer un changement d’attitude de la Russie comme de la Chine."
Interrogé sur la gestion de la crise par le président Emmanuel Macron, il assure qu’il aurait fait autrement, en créant "un conseil scientifique et social autour du Conseil scientifique, avec des représentants de la majorité politique et de l’opposition, des entreprises, des syndicats et des associations". Selon lui, "ce que veulent les Françaises et les Français, c'est que la majorité et l’opposition dépassent leur agenda politique électoral pour ne s’occuper que d’une chose, ensemble : de leur santé."
Alors qu’un duel Macron-Le Pen est de nouveau à envisager au second tour de l’élection présidentielle française de 2022, il rappelle qu’il a "des concurrents ou des adversaires en politique", et qu’il a "des ennemis en politique, ça s’appelle l'extrême droite". "Je ne supporte pas les responsables politiques qui instrumentalisent les colères et les peurs, qui organisent des paniques identitaires aujourd’hui dans ce pays". "Ma responsabilité, c’est que cette question-là ne se pose pas en avril 2022. C’est que les Françaises et les Français se disent : il y a un projet écologiste, social, républicain qui va nous enthousiasmer. On ne va pas voter contre l’extrême droite, mais on va voter pour un beau projet écologiste." Projet écologiste qu’il entend d’ici là toujours porter au niveau européen, avec un dispositif de taxe carbone à la frontière, car "l’enjeu pour l’Europe, c’est d’être à la hauteur du défi climatique, et elle joue sa crédibilité là-dessus".
Émission préparée par Isabelle Romero, Mathilde Bénézet, Céline Schmitt et Perrine Desplats