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Bush évoque la possibilité de faillites dans l'automobile

L'administration Bush a évoqué pour la première fois la possibilité d'un dépôt de bilan pour les constructeurs automobiles. L'actuel président a déclaré ne pas encore avoir pris de décision sur un nouveau plan de sauvetage.

AFP - Le gouvernement américain a déclaré jeudi pour la première fois ouvertement qu'un dépôt de bilan comptait au nombre des options envisagées pour les constructeurs automobiles du pays, qui luttent pour leur survie.

Le président George W. Bush, sur lequel reposent les espoirs d'un sauvetage des constructeurs grâce à une aide fédérale, a dit ne pas avoir encore pris de décision.

Mais celle-ci est "très proche", a indiqué sa porte-parole Dana Perino, moins de 24 heures après que Chrysler eut donné une nouvelle preuve de la gravité de la situation en annonçant la fermeture pendant un mois de ses 30 usines en Amérique du Nord et la mise au chômage technique du personnel.

Le sort de Chrysler, le plus petit des constructeurs américains, et du géant General Motors (GM) est suspendu à la décision de l'Etat fédéral de leur venir ou non en aide. Victimes de la crise économique, de la chute de leurs ventes et de leurs erreurs stratégiques, ils ne seraient plus qu'à quelques semaines de ne plus pouvoir honorer leurs créances.

Le Wall Street Journal écrivait jeudi que, pour s'en sortir, GM et Chrysler avaient renoué leurs discussions en vue d'une fusion. GM a démenti ces informations.

Le troisième grand de Detroit, Ford, semble moins aux abois.

M. Bush a de nouveau refusé ce qui serait une mise en faillite incontrôlée. Mais un dépôt de bilan maîtrisé figure parmi "un éventail d'options" examinées par l'administration, a expliqué sa porte-parole.

Mme Perino a assuré que les "options" étaient nombreuses. Mais elle n'a cité que celle du dépôt de bilan et celle d'une aide financière fédérale, puisée dans un fonds existant de 700 milliards de dollars que le gouvernement réservait jusqu'à récemment pour relancer le système financier et favoriser la reprise de l'investissement et de la consommation.

Mme Perino n'a pas décrit le scénario du dépôt de bilan.

Son éventualité apparaissait dans un plan envisagé jusqu'à la semaine dernière. Aux termes de ce plan que le gouvernement avait négocié avec le Congrès, les constructeurs recevaient une aide financière d'urgence mais devaient en contrepartie élaborer, sous le contrôle d'un responsable nommé par le président, des plans de restructuration censés garantir leur viabilité. Si le représentant du président n'était pas satisfait des plans des constructeurs, il soumettait le sien, avec la possibilité de réclamer la mise en faillite.

Le spectre du dépôt de bilan s'est précisé la semaine dernière quand ce plan a échoué au Congrès. Un tel dépôt de bilan figure désormais parmi les éventualités que General Motors a demandé d'étudier à des experts légaux recrutés après le refus du Congrès.

Après cette déconvenue, le gouvernement doit décider s'il se porte au secours des constructeurs et à quelles conditions.

M. Bush, qui vient de reconnaître avoir renoncé aux principes de l'économie de marché au cours des derniers mois, précisément pour sauver ce système de la crise, a signifié combien une nouvelle intervention fédérale dans l'économie privée rencontrait de résistance chez ses propres alliés.

"Les temps sont difficiles quand on croit à l'économie de marché", a-t-il déclaré au cours d'une session de questions-réponses avec un centre de réflexion conservateur.

Mais "nous avons perdu 533.000 emplois le mois dernier. Quel effet cela aurait-il sur l'économie si nous perdions un million d'emplois supplémentaires", a-t-il demandé.

Les syndicats de l'automobile, les parlementaires du Michigan (nord) et les démocrates, alliés du futur président Barack Obama, pressent M. Bush d'intervenir. S'ajoute la pression de la transition politique.

"Franchement, il y a une autre considération, c'est que j'éprouve une obligation envers mon successeur (...) Je crois qu'il est de bonne politique de ne pas déverser sur lui une catastrophe majeure pour son premier jour de présidence", a dit M. Bush.