
Le Congrès américain a adopté, vendredi, le budget sur la Défense en contournant le véto du président Donald Trump. Un camouflet inédit, qui illustre la façon dont les élus républicains commencent à prendre leurs distances avec le président issu de leur propre parti.
Les élus républicains majoritaires au Sénat américain ont finalement fini par se rebiffer contre Donald Trump, vendredi 1er janvier, en approuvant le budget de la Défense, en dépit des "objections du président". Comme la Chambre des représentants, à majorité démocrate, avait fait de même lundi, le texte actant ce budget de 740 milliards de dollars est définitivement adopté.
Il s'agit d'un camouflet inédit pour le président Trump, qui s'était toujours targué du soutien des élus républicains au Congrès.
En quatre ans à la Maison Blanche, Donald Trump a utilisé à neuf reprises son droit de veto contre des textes de loi adoptés dans les deux chambres. Jusqu'ici, le Congrès n'avait jamais réussi à atteindre la majorité des deux tiers nécessaire pour l'outrepasser.
Cette claque intervient alors que les élus de son parti sont de plus en plus nombreux à reconnaître la défaite de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre, qu'il ne concède toujours pas lui-même.
Piqué au vif, le milliardaire avait dénoncé en début de semaine un "leadership républicain faible et fatigué".
Longues négociations
Le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell n'avait pas cédé, appelant ses troupes à voter pour le budget 2021 de la Défense.
"Il s'agit d'assurer que nous restions dans la course face à nos concurrents comme la Russie et la Chine", a-t-il plaidé vendredi à l'ouverture des débats.
.@senatemajldr Mitch McConnell Praises National Defense Authorization Act (NDAA) and Historic COVID-19 Relief That is Coming Online: https://t.co/wKCFqeyLLN
— Senator McConnell Press (@McConnellPress) January 1, 2021"C'est aussi l'occasion de rappeler à nos soldats et à leurs familles qu'ils ont notre soutien", a ajouté l'influent sénateur.
Fruit de longues négociations, le texte prévoit notamment une hausse de 3 % des salaires du personnel de la Défense.
Comme il est de coutume depuis plus d'un demi-siècle, il avait été adopté début décembre à des majorités écrasantes par la Chambre, à majorité démocrate, et le Sénat, contrôlé par les républicains.
Mais Donald Trump avait annoncé le 23 décembre qu'il y mettait son veto, provoquant la consternation jusque dans son camp.
Il avait jugé le texte trop favorable à la Chine et s'était élevé contre la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu en défense de l'esclavage durant la guerre de Sécession (1861-1865).
Il lui reprochait également de ne pas inclure l'abolition d'une loi, dite "article 230", protégeant le statut juridique des réseaux sociaux, qu'il accuse d'être biaisés contre lui.
Revers judiciaire pour Donald Trump
Autre revers pour Donald Trump, un juge a rejeté le recours déposé par un législateur texan et d'autres républicains visant à permettre au vice-président, Mike Pence, de remettre en cause le vote du Collège électoral en faveur de Joe Biden lors de la réunion du Congrès du 6 janvier, appelée à certifier la victoire du démocrate sur Donald Trump.
Cette décision, qui met en échec l'une des dernières tentatives en date du camp républicain pour inverser le résultat du scrutin présidentiel du 3 novembre, a été rendue par un magistrat nommé par Donald Trump, Jeremy Kernodle. Un porte-parole de Donald Trump a renvoyé une demande de commentaire vers les services de Mike Pence. Un porte-parole de ce dernier s'est refusé à tout commentaire.
Donald Trump a refusé de reconnaître sa défaite et sa campagne a engagé des recours - en vain - pour tenter de faire invalider le résultat du scrutin qui a vu Joe Biden s'imposer
Avec AFP