![Le lait de la discorde Le lait de la discorde](/data/posts/2022/07/15/1657859959_Le-lait-de-la-discorde.jpg)
À Savenay, en Loire-Atlantique, Florent, Thierry, Philippe et sa femme Michelle font la grève du lait. Endettés, ces producteurs comme des milliers d’autres jettent le produit de leur travail pour protester contre la baisse du prix du lait.
Dans la salle à manger, seul le bruit de la pendule rompt le silence. Il est 5h30, Florent Tendron, la barbe naissante, prend son café la voix encore enrouée par sa courte nuit. A 29 ans, ce producteur de lait a la tête des mauvais jours. Avec son associé Thierry Balluet, ils ont décidé de suivre la grève du lait. Et pourtant, il y a un an, les deux agriculteurs étaient plein d’espoir. Le lait était un secteur porteur. Ils ont alors emprunté 380 000 euros pour construire leur bâtiment. "Aujourd’hui, on est sur la base de 250 euros les 1 000 litres. Donc cela fait à peine 25 cents le litre…On ne couvre même pas les frais de fonctionnement donc on ne peut pas tenir longtemps comme cela."
Dans la salle de traite, Thierry est déjà au travail. Il n’est pourtant que 5h45. A 43 ans, l’homme est plutôt du genre à prendre la vie du bon côté, mais aujourd’hui, pour lui, c’est dur. Pour "sauver l’exploitation", Thierry compte bien choquer l’opinion publique et jeter son lait. "Une grève, pour nous, c’est toujours autant de boulot. Et au bout du compte pour rien, puisqu’il va falloir jeter le lait, donc c’est un peu compliqué à accepter."
A 10 heures, et à contrecœur, Thierry jette les 3000 litres que contient sa citerne à lait. 750 euros. Un geste choquant pour attirer les regards.
À quelques kilomètres de chez Thierry et Florent, la ferme des Eon. Philippe et sa femme Michelle sont à cinq ans de la retraite. Comme chaque jour, ce n’est pas avant 22h30 qu’ils dînent. Une soupe aux légumes du jardin, un bout de fromage,et un yaourt… Et demain tout recommence. "Tout recommence, on va aller dormir et puis demain on recommence. Demain matin, la même journée. Et oui. Et Sarkozy qui dit qu’il faut travailler plus pour gagner plus... Nous, on travaille plus et on gagne moins", nous confie Michelle.