
Sans aller jusqu'à un reconfinement total du pays, comme en mars dernier, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé, mardi, un durcissement des restrictions afin de faire face à la reprise de l'épidémie de Covid-19 en Angleterre.
Face à la rapide reprise de l'épidémie de coronavirus, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé, mardi 22 septembre, de nouvelles restrictions, limitées à l'Angleterre, dans le but d'éviter un reconfinement total.
Accusé d'avoir aggravé le bilan de la pandémie en tardant à décréter le confinement en mars, le chef du gouvernement conservateur avait averti la semaine dernière qu'il fallait "être dur maintenant".
Mardi, il s'est exprimé devant le Parlement à la mi-journée avant une allocution à la télévision prévue dans la soirée.
Pour tenter d'inverser la tendance, les pubs, bars et restaurants devront notamment fermer à 22h00 à partir de jeudi en Angleterre. Seul le service à table sera désormais autorisé avec l'idée de réduire les interactions pour éviter la transmission de la maladie.
"Je suis désolé que ça touche de nombreuses entreprises qui retombent tout juste sur leurs pieds mais nous devons agir", a plaidé Boris Johnson devant les députés.
"Bien sûr, les gens peuvent toujours se retrouver plus tôt, mais les nouvelles mesures réduisent le temps pendant lequel les gens peuvent se rencontrer et se transmettre potentiellement le virus", a commenté Julian Tang, professeur de sciences respiratoires à l'Université de Leicester.
"Plus vous êtes ivres, moins vous êtes inhibés et précautionneux", a aussi remarqué Jennifer Cole, anthropologue biologique à l'université Royal Holloway. Cette heure de fermeture laisse aux gens "suffisamment de temps pour un repas ou un verre rapide avec des amis après le travail, mais cela signifie qu'ils seront probablement assez sobres pour se rappeler de se couvrir le visage dans le train ou le bus pour rentrer chez eux".
Ces restrictions ont provoqué la colère du secteur de l'hôtellerie, Kate Nicholls, directrice générale de UK Hospitality, évoquant un "nouveau coup dur" pour un secteur déjà très meurtri par le contexte sanitaire.
"Pas à la hauteur"
Le gouvernement a aussi reporté le retour du public aux manifestations sportives qui était prévu le mois prochain. À partir de lundi les mariages ne pourront compter que 15 participants maximum.
Le port du masque sera obligatoire dans les taxis ainsi que pour les employés de commerces, de bars et restaurants, et les sanctions seront durcies. Une infraction aux règles sur le port du masque ou sur les rassemblements -limités à 6 personnes - sera passible d'une amende de 200 livres (218 euros).
Si nécessaire, l'armée pourra être appelée en renfort de la police, a averti Boris Johnson, accentuant le durcissement de ton des autorités qui avaient privilégié la pédagogie à la répression au printemps.
Le gouvernement a aussi décidé de mettre en "pause" son projet d'autoriser de nouveau le public à assister aux manifestations sportives à partir d'octobre, a précisé Michael Gove à la BBC.
Boris Johnson a aussi été critiqué pour ne pas avoir permis aux enfants de retourner à l'école en juin, d'avoir mal géré l'évaluation des examens et de n'avoir pas su protéger les résidents de maisons de retraite.
Le Premier ministre "n'est pas à la hauteur de son poste", a déclaré mardi le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, lors d'un discours à Doncaster (nord de l'Angleterre) dans le cadre du congrès de son parti organisé en ligne cette année, coronavirus oblige.
Pays le plus endeuillé en Europe avec près de 42 000 morts, le Royaume-Uni voit actuellement les contaminations "doubler tous les sept jours", a prévenu lundi le conseiller scientifique du gouvernement Patrick Vallance lors d'une allocution télévisée.
Les chefs des services médicaux des quatre provinces britanniques ont relevé lundi le niveau d'alerte lié au virus à 4, contre 3 depuis juin, ce qui correspond à un niveau de transmission "élevé ou augmentant de manière exponentielle".
Les restrictions locales se sont déjà multipliées ces dernières semaines et le gouvernement espère ne recourir qu'en dernier ressort à un confinement national aux conséquences dévastatrices pour une économie déjà sévèrement affectée par le confinement de la première vague.
Avec AFP