
, correspondante à Athènes – Le gouvernement qui sortira des urnes le 4 octobre devra relever un défi de taille : s'attirer les faveurs des jeunes dont le niveau de vie reste précaire. Après les émeutes de décembre, le risque d'une nouvelle flambée de violence plane.
Toujours en mal d’avenir, la jeunesse grecque est perplexe à l’approche des élections législatives du 4 octobre. Dix mois après avoir manifesté leur colère dans les rues d’Athènes, les jeunes hellènes attendent du changement.
Déclenché par la mort d’un adolescent de 15 ans tombé sous les balles d’un policier, le mouvement de colère de décembre dernier, parfois très violent, a révélé au grand jour les problèmes de la génération dite "des 700 euros" - le montant du salaire minimum en Grèce. Or, aujourd’hui encore, les jeunes Grecs, qui sont les plus diplômés d’Europe, sont toujours dans l’impasse.
"Rien n’a changé ici, souligne Antonis, un étudiant de 24 ans. Personne ne s’intéresse à nous. Voilà 50 ans que deux familles politiques se partagent le pouvoir dans le pays, alors pour qui voulez-vous qu’on vote ? Je veux juste dire à nos dirigeants que, à la moindre occasion, nous redescendrons dans la rue. Et là, ce sera encore plus violent."
L’anarchisme, une tradition
La violence est le mot d’ordre de cette période préélectorale, ce qui inquiète les autorités. Désespérant de s’en sortir un jour, la jeunesse se radicalise progressivement. Recteur de l’École polytechnique, Giannis Polyzos comprend ce malaise : "Quand les étudiants s'aperçoivent que le système scolaire ne repose pas sur la valeur de leurs diplômes, que tout passe par le piston, ils se tournent vers la violence, explique celui-ci. Laissés pour compte, baignés dans une forte tradition anarchiste, ils accumulent une colère qui est une vraie bombe à retardement."
Ces neuf derniers mois, de nombreux groupuscules extrémistes ont fleuri en Grèce. Qu'ils s’appellent "Conspiration des cellules de feu" ou "Secte des révolutionnaires", tous n’ont qu’une cible : le capitalisme sous toutes ses formes. Leur moyen d'action : les attaques à la bombe artisanale.
Spécialiste du terrorisme et avocat de l’organisation terroriste du 17-Novembre, Giannis Rahiotis voit dans ces petites organisations la constitution d’un nouveau mouvement extrémiste. "À tout moment, ils peuvent faire naître une insurrection violente", explique-t-il.
Pour tenter de maîtriser la situation, le gouvernement conservateur, mis à mal dans les sondages, a été jusqu’à faire appel aux services de Scotland Yard…