Le gouvernement d'Iajuddin Ahmed a décidé de lever l'état d'urgence en place depuis deux ans dans le pays afin de préparer les élections législatives fixées au 29 décembre et censées rétablir la démocratie.
AFP - L'état d'urgence en place depuis deux ans au Bangladesh a été levé mercredi, dans la perspective d'élections législatives prévues le 29 décembre et censées rétablir un régime démocratique.
Une ordonnance d'annulation de l'état d'urgence, signée par le président bangladais Iajuddin Ahmed, est entrée en vigueur, a indiqué à l'AFP l'inspecteur général de la Police Nur Mohammad.
"L'état d'urgence cesse à minuit et une minute (18H01 GMT mardi soir)", a-t-il confirmé.
Le président avait imposé l'état d'urgence en janvier 2007, après des mois de grèves politiques violentes.
Son ordonnance met fin aux restrictions sur les activités politiques, les libertés publiques et de la presse. Plusieurs dispositions avaient déjà été assouplies ces derniers mois, notamment le couvre-feu.
La campagne en vue des prochaines élections est autorisée depuis vendredi.
Le Bangladesh, pays musulman laïc d'Asie du Sud de 144 millions d'habitants, doit voter le 29 décembre pour son premier scrutin législatif depuis 2001.
Les deux principaux partis du pays --le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et la Ligue Awami-- exigeaient la levée de ce régime d'exception avant les élections, comme une garantie de leur crédibilité.
Bon nombre de diplomates occidentaux soutenaient ces revendications.
Le mois dernier, le gouvernement avait repoussé les élections du 18 au 29 décembre conformément aux demandes de l'ancien Premier ministre et chef du BNP, Mme Khaleda Zia.
Afin d'assurer la sécurité des opérations de vote, l'armée sera déployée dès samedi et les militaires seront épaulés le jour du scrutin par 300.000 policiers et paramilitaires, a indiqué le commissaire électoral Shakawat Hossain.
"Je suis confiant: la situation va rester calme. La campagne électorale et le vote se dérouleront dans un climat apaisé", a déclaré à l'AFP le chef de la police nationale, Nur Mohammad.
Toutefois, le Bangladesh est en pleines turbulences depuis plus de deux ans.
Après des mois de violences entre les principales forces politiques --faisant des dizaines de morts à partir d'octobre 2006--, l'armée était discrètement intervenue, faisant annuler des législatives prévues fin janvier 2007 en affirmant qu'elles allaient être truquées.
Une fois l'état d'urgence imposé le 11 janvier 2007, un gouvernement intérimaire de technocrates porté par les militaires s'était engagé à organiser un nouveau scrutin.
Il a surtout mené surtout une grande purge anti-corruption en interrogeant 10.000 personnes et en emprisonnant 150 ex-ministres, hommes d'affaires et hauts fonctionnaires.
Cela s'est soldé par la mise en détention pour corruption présumée de deux ex-Premiers ministres, Mmes Cheikh Hasina Wajed et Khaleda Zia, lesquelles ont ont été libérées sous caution cette année.
La vie politique bangladaise a été dominée entre 1991 et fin 2006 par le BNP de Mme Zia et par la Ligue Awami de Mme Hasina.
Les deux sexagénaires, qui se détestent, ont été tour à tour Premier ministre et opposantes.
Mme Zia est la veuve d'un président assassiné en 1981, Ziaur Rahman, et Mme Hasina est la fille de Sheikh Mujibur Rahman, tué en 1975 alors qu'il était le premier président du Bangladesh, l'ex-Pakistan oriental devenu indépendant en 1971.
Dacca avait tenté au printemps 2007 de contraindre à l'exil les deux femmes. Mais les projets avaient capoté.