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Ebola en RD Congo, l’épidémie qui n’en finit pas

La République démocratique du Congo a officiellement déclaré lundi 1er juin une onzième épidémie de fièvre hémorragique Ebola sur son sol, avec la résurgence d'un foyer dans le nord-ouest du pays. Cette épidémie vient s'ajouter à la dixième toujours en cours dans l'Est et qui a déjà fait plus de 2 280 morts. Depuis plusieurs années, la RDC est régulièrement frappée par la résurgence du virus Ebola sur son territoire. Comment l’expliquer, quels sont les facteurs ? Entretien avec Yap Boum II, épidémiologiste et directeur d’Épicentre Afrique.

Le virus Ebola n’a pas dit son dernier mot en République démocratique du Congo. Les autorités de santé ont déclaré une nouvelle épidémie dans le nord-ouest du pays, après la découverte de plusieurs cas, dont des décès, dans la province de l’Équateur. Cette région a déjà été touchée par le virus entre mai et juillet 2018. C'est la onzième épidémie d’Ebola en RDC depuis la découverte du virus dans ce pays (alors appelé Zaïre) en 1976. Elle vient s’ajouter à la dixième toujours en cours dans l’est du pays qui a déjà fait plus de 2 280 morts depuis son apparition en août 2018. En avril 2020, les autorités congolaises et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’apprêtaient à déclarer la fin de l’épidémie en RDC, avant que la maladie ne refasse surface dans la ville de Beni.

Depuis plusieurs années, la RDC est régulièrement frappée par la résurgence du virus Ebola sur son territoire. Un virus qui trouve son origine chez les animaux, dans un pays qui abrite la plus grande partie de la forêt humide équatoriale en Afrique. "Le principal facteur, c'est le réservoir. Le réservoir que sont les animaux sauvages, explique le professeur Yap Boum II, épidémiologiste et directeur d'Épicentre Afrique. On pense aux chauves-souris, on pense aux chimpanzés qui sont présents dans la forêt. Et les populations qu’on appelait les pygmées qui vivent dans ces forêts au contact de ces réservoirs. Le contact de plus en plus important fait que de temps en temps, il y a résurgence de ce virus et de ces contaminations."

Saisonnalité et facteurs socio-économiques

D’autres facteurs comme la saisonnalité peuvent expliquer la récurrence de cette maladie en RDC. "Il peut également y avoir un aspect socio-économique qui fait que les populations sont repoussées dans leurs retranchements, du fait des difficultés, des guerres civiles, des guerres interpopulations ou intertribales, qui peuvent pousser certaines populations à être plus au contact de ces réservoirs", poursuit le professeur. 

Entre humains, le virus se transmet rapidement par contacts directs avec du sang ou des fluides corporels. Ebola possède un taux de létalité moyen élevé, d’environ 50 %. Pour lutter contre la propagation du virus en RDC, un vaccin est particulièrement utilisé. Il s’appelle rVSV-ZEBOV et a fait ses preuves lors de l’épidémie Ebola en Guinée en 2015. En parallèle, un traitement est également disponible pour soigner les patients.