
Les forces de police ont mené ce mercredi un coup de filet dans un immeuble occupé par des partisans du président déchu Manuel Zelaya. Au total, 55 personnes ont été arrêtées et doivent être présentées à un procureur.
AFP - Le gouvernement putschiste du Honduras a mené mercredi à l'aube une opération coup de poing contre les partisans du président déchu Manuel Zelaya, dont 55 ont été arrêtés.
Un grand nombre de militaires et policiers ont fait irruption dans l'immeuble de l'Institut national de la réforme agraire (Inra), où plusieurs centaines de salariés agricoles campent depuis quelques jours pour manifester dans la journée en faveur du président déchu, ont constaté des photographes de l'AFP.
Ils ont arrêté 55 personnes dont six femmes, a précisé à l'AFP un porte-parole de la police, Ernin Cerrato.
"Nous allons les conduire au procureur, pour établir s'ils ont commis des crimes", a-t-il déclaré.
Ce raid mené dans une capitale placée en quasi-état de siège par un décret limitant les libertés de réunion et de presse, a démenti les propos conciliants du président putschiste Roberto Micheletti, qui s'était dit prêt à "abroger" ce texte deux jours plus tôt.
M. Micheletti, promu président dans le coup d'Etat qui a exilé M. Zelaya le 28 juin, poursuit désormais l'épreuve de force à Tegucigalpa où le président déchu, revenu clandestinement le 21 septembre, est assiégé à l'ambassade du Brésil par des militaires et des policiers.
Les médias d'opposition fermés lundi au nom du décret limitant les libertés, la Radio Globo et la chaîne 36 de télévision, sur lesquels M. Zelaya avait coutume de s'exprimer, n'ont toujours pas rouvert.
M. Zelaya a appelé ses partisans à la "résistance" contre la fermeture des médias, mais la police empêche les cortèges de ses partisans dans la capitale.
"Le décret (limitant les libertés) est complètement illégal", a dénoncé le dirigeant syndicaliste agricole Rafael Alegria, arrivé sur à l'Inra après l'intervention militaro-policière.
"L'Inra appartient aux ouvriers agricoles, c'est un bâtiment construit pour promouvoir la réforme agraire", a-t-il ajouté.
"Je n'ai jamais rien vu de pareil au Honduras. Ils sont capables de n'importe quoi dans le même genre", a-t-il conclu en désignant le régime putschiste.
M. Alegria avait annoncé un nouveau rassemblement mercredi devant la station de radio Radio Globo mais aussi dans les quartiers périphériques de Tegucigalpa et en province.
La communauté internationale, unanime à condamner le coup d'Etat et à soutenir le président déchu, s'est élevée contre ce qui s'apparente à un état de siège, et continue de prôner le dialogue.
A New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit mardi "très préoccupé" par "l'état d'urgence (qui) a accentué les tensions". Washington a affirmé qu'il était "temps pour le régime de fait d'avoir un dialogue avec M. Zelaya et de résoudre la situation".
Les putschistes ont donné plusieurs signes d'ouverture, mais sans suite.
Le chef d'état-major général de M. Micheletti, le général Romeo Vasquez Velasquez, un des acteurs principaux du coup d'Etat, avait évoqué mardi un espoir de "dialogue".
Peu après, le patronat avait présenté un plan de sortie de crise prévoyant le retour de M. Zelaya à la présidence avec des pouvoirs restreints, et avec l'obligation de se présenter devant la justice. Le président déchu est accusé de "haute trahison" et autres délits. Le projet propose également l'envoi d'une force militaire internationale.
Ces propositions rejoignent celles du président costaricien Oscar Arias, chargé d'une médiation en juillet dernier. Soutenues par la communauté internationale, elles sont fondées sur le retour de M. Zelaya à la tête d'un gouvernement d'union nationale, hypothèse rejetée catégoriquement par M. Micheletti jusqu'ici.