
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé qu'il se déplacerait à Bruxelles, lundi, pour évoquer avec les dirigeants de l'Union européenne, la crise migratoire et la guerre en Syrie. Il a également demandé à la Grèce de laisser passer les migrants pour qu'ils rejoignent le territoire européen.
Après avoir donné l'ordre aux services de gardes-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Égée, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé la Grèce à leur "ouvrir ses portes", pour qu'ils puissent entrer dans l'Union européenne (UE). Il rencontrera certains de ses dirigeants, lundi 9 mars, à Bruxelles, pour évoquer le conflit syrien et les questions migratoires.
"Hé, la Grèce ! Je te lance un appel... Ouvre tes portes également et libère-toi de ce fardeau", a lancé Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours télévisé à Istanbul, dimanche. "Laisse-les aller dans d'autres pays européens", a-t-il ajouté.
Il a annoncé dans la foulée son déplacement à Bruxelles afin de discuter de la question migratoire avec des responsables de l'Union européenne, ajoutant "espérer revenir de Belgique avec des résultats différents".
Migration, sécurité et stabilité comme sujets de discussion
Le chef d'État rencontrera notamment Charles Michel, le président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

Ils parleront de "migration, de sécurité, de la stabilité dans la région et de la crise en Syrie", a déclaré Barend Leyts, un porte-parole de Charles Michel, sur Twitter.
President @eucopresident and President @vonderleyen will meet with President @RTErdogan of Turkey on Monday at 18h in Brussels to discuss EU-Turkey matters, including migration, security, stability in the region and the crisis in Syria.
— Barend Leyts (@BarendLeyts) March 8, 2020De son côté, la Grèce va rallonger de 36 km la clôture renforcée le long de sa frontière avec la Turquie, afin de mieux contenir les migrants et réfugiés qui tentent de la franchir, a indiqué une source gouvernementale à l'AFP.
"Nous avons décidé de rallonger immédiatement la clôture dans trois secteurs", au sud de la zone actuellement sous pression, a ajouté cette source, précisant que le reste de la clôture allait être encore renforcé.
Des milliers de migrants tentent de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis que le président turc a annoncé, le 29 février, qu'il cessait de respecter un accord de mars 2016 avec l'Union européenne. Celui-ci prévoyait que les migrants restent en Turquie, en échange d'une aide financière européenne à Ankara.
Aux termes de cet accord, la Turquie avait accepté de contenir le flot des migrants qui fuient la guerre en Syrie, en échange de plusieurs milliards d'euros.
Mais Ankara estime l'aide obtenue pour l'instant insuffisante pour faire face au coût des quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu'elle accueille depuis des années.
Derrière les négocations plane le spectre d'Idleb
La Turquie souhaite aussi obtenir le soutien de l'UE à ses opérations militaires dans le nord de la Syrie. L'offensive du régime syrien – appuyé par Moscou – contre la province d'Idleb (nord-ouest), dernier bastion rebelle en Syrie, a provoqué une catastrophe humanitaire. Ankara redoute que ces personnes déplacées, estimées à près d'un million, affluent vers son territoire.
Vendredi, le président turc a relâché un peu la pression migratoire sur l'UE en donnant l'ordre aux gardes-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Égée, autre voie de passage vers la Grèce.
Les autorités grecques ont annoncé que plus de 1 700 d'entre eux étaient arrivés sur les îles grecques, venant s'ajouter aux 38 000 déjà présents qui surpeuplent les camps de réfugiés dans des conditions de plus en plus précaires.
Avec AFP et Reuters