
Les forces syriennes ont repris, mardi, pour la première fois depuis 2012, le contrôle intégral de l'autoroute Damas-Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Les affrontements avec la rébellion dans cette région exacerbent les tensions entre Moscou et Ankara.
Les forces du régime de Bachar al-Assad et des combattants alliés ont repris, mardi 11 février, aux jihadistes et rebelles le dernier tronçon d'une autoroute clé entre Damas et Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Le même jour, une délégation russe venue à Ankara pour discuter de l'offensive syrienne dans la région d'Idleb est repartie sans accord apparent pour mettre fin aux combats, qui ont fait 13 morts en une semaine côté turc.
Les émissaires de la Russie étaient arrivés, samedi, en Turquie, quelques jours après la mort de huit Turcs dans un bombardement d'artillerie syrien dans la province d'Idleb, dernière région de Syrie échappant au contrôle du régime de Bachar al-Assad. Cinq soldats turcs ont également été tués lundi dans l'attaque d'un poste d'observation.
Les forces turques ont bombardé des cibles syriennes en représailles, ravivant des tensions déjà fortes entre les deux pays depuis le début du conflit il y a près de neuf ans.
"Nous avons répondu comme il fallait à la partie syrienne, en particulier à Idleb. Ils ont eu ce qu'ils méritaient. Mais ce n'est pas assez, cela va continuer", a averti mardi dans un discours le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Un hélicoptère abattu
Sur le terrain, les forces syriennes se sont emparées de l'autoroute M5, qui relie Alep à Damas, après avoir capturé le dernier bastion rebelle situé sur la route, dans la banlieue ouest d'Alep.
Selon le ministère turc de la Défense, un hélicoptère syrien a été abattu dans la ville de Nairab, que les forces syriennes ont évacuée.
Un responsable du gouvernement turc a déclaré que les rebelles avaient lancé une contre-offensive et pourraient reprendre prochainement des territoires autour de la ville de Saraqeb, au sud-est de la ville d'Idleb, qu'ils ont perdus ces derniers jours.
Près de 700 000 déplacés
Ankara a fait savoir, dans un communiqué, qu'elle avait appelé la Russie à mettre sans délai un terme aux attaques contre des postes d'observation turcs dans le nord-ouest de la Syrie, prévenant que de telles attaques ne resteraient pas impunies.
Le Kremlin a de son côté réclamé "l'arrêt de toute activité terroriste dirigée contre les forces armées syriennes et les installations militaires russes", en allusion aux actions rebelles. "Nous considérons toutes ces sorties d'Idleb comme inacceptables", a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe.
La progression rapide des forces syriennes, épaulées par l'aviation russe et les milices pro-iraniennes, a provoqué l'exode de près de 700 000 personnes au cours des dix dernières semaines, selon les agences humanitaires.
"C'est d'après nos premières analyses le plus grand nombre de déplacés en une seule période depuis le début du conflit syrien il y a neuf ans", a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
La Turquie, qui abrite 3,6 millions de réfugiés syriens, dit ne pas pouvoir en accueillir davantage.
Avec Reuters