C'est un nouveau coup dur pour le fujimorisme, vertement sanctionné aux législatives de dimanche : Keiko Fujimori, la cheffe de l'opposition péruvienne poursuivie dans le cadre du scandale Odebrecht, retourne en détention préventive.
Retour à la case prison. La cheffe de l'opposition au Pérou, Keiko Fujimori, a été arrêtée mardi 28 janvier. La justice a en effet ordonné son incarcération dans l'affaire de corruption Odebrecht. "J'impose une détention préventive de 15 mois" à la prévenue, a déclaré le juge Victor Zuñiga.
Keiko Fujimori, 44 ans, qui avait été libérée fin novembre après plus d'un an de détention dans le cadre du scandale Odebrecht, a été arrêtée immédiatement après l'audience par la police et placée en détention, pour la nuit de mardi, dans l'enceinte du palais de justice de Lima. Elle devait être conduite mercredi à la prison pour femmes de Chorrillos, au sud de la capitale.
La décision de la justice péruvienne d'incarcérer à nouveau Keiko Fujimori porte un nouveau coup à la principale force politique du pays. Le fujimorisme (droite populiste), du nom de l'ancien président Alberto Fujimori (1990 - 2000) et père de Keiko, a en effet subi un gros revers lors des législatives de dimanche qui ont scellé la fin de son hégémonie au Parlement, désormais dominé par les centristes.
"Exécution"
Keiko Fujimori a fustigé la décision du juge, déclarant que "ceci n'est pas de la justice, c'est une exécution", dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux peu après son arrestation.
Son avocate, Giulliana Loza, a annoncé qu'elle avait immédiatement fait appel de la décision de la justice, qu'elle a qualifiée de "manifestation évidente d'aberration juridique". "Nous allons recourir à toutes les instances nationales et internationales" pour obtenir la libération de Keiko Fujimori, a-t-elle averti.
La cheffe de l'opposition fujimoriste avait annoncé en décembre qu'elle se mettait en retrait de la vie politique. Elle est poursuivie dans l'enquête sur le scandale Odebrecht, du nom d'un géant brésilien du bâtiment. Ce dernier a reconnu avoir versé des pots-de-vins à de nombreux dirigeants politiques latino-américains, dont quatre anciens présidents péruviens. Cheffe du parti Fuerza Popular, Keiko Fujimori est accusée d'avoir reçu des fonds d'Odebrecht pour sa campagne électorale de 2011.
Après 13 mois de détention, elle avait été remise en liberté en novembre à la suite d'une décision de la Cour constitutionnelle, la plus haute autorité du pays. Mais celle-ci avait toutefois précisé que son arrêt ne concernait pas le fond de l'affaire. À l'accusation initiale de blanchiment, le parquet a ajouté de nouvelles charges à son encontre, dont l'entrave à la justice, et réclamé son incarcération.
Avec AFP