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Factures, chômage, crise : au Liban, des candidats à l'émigration de plus en plus nombreux

Nombreuses sont les familles libanaises qui veulent fuir la situation économique et la crise politique. Factures élevées, chômage et infrastructures défaillantes poussent les gens à émigrer. Les candidatures au départ pour le Canada se multiplient, comme l'explique ce reportage à Beyrouth de notre correspondante.

À Beyrouth, Samar et son époux Bilal pouvaient compter sur 750 000 livres libanaises par mois, soit 450 euros, grâce au travail de Bilal comme chauffeur de poids lourd. Mais il y a trois mois, le père de famille a vu son salaire réduit, en raison de la situation économique au Liban. Or, entre le loyer et la scolarité de leurs triplés de 10 ans, Moustapha, Fatmé et Abbass, dont deux ont des besoins spéciaux, le salaire de Bilal ne suffit plus pour payer les factures et le couple sombre un peu plus dans l’endettement.

Samar a essayé de trouver un emploi, sans succès, à cause de ses problèmes de santé. En attendant, le couple, qui habite dans la banlieue sud de Beyrouth, arrive à peine à payer le gaz et l’électricité. "Tout va mal à cause de la situation économique. Les prix ont augmenté. Avant on achetait 5 kilos de riz à 5000 livres (3 euros), maintenant c’est à 14 000 (8,40 euros)".

La famille estime que la seule solution est d’émigrer au Canada, un pays où se trouve une large diaspora libanaise."La situation est intolérable. Je suis déprimée, à cause de tous les problèmes. Je veux partir, pour les enfants. Ils me disent : 'Maman, c’est peut-être mieux là-bas. Peut-être qu’il y aura une école spécialisée pour nous'", raconte Samar. Leur demande de visa pour le Canada a déjà été rejetée une fois.

Le Liban compte plus de citoyens à l’étranger qu’au pays. Factures élevées, chômage et infrastructures défaillantes poussent les gens à émigrer. Mais avec l’augmentation des demandes et l’imposition de critères stricts pour les visas, rien n’est acquis. Chawkat Dada est un consultant qui aide les familles dans leurs démarches auprès du Canada et de l’Australie. Depuis le début de la crise  économique, le nombre de ses clients a augmenté de 60 % : "Ces trois derniers mois, il y a beaucoup de demandes de gens pauvres. À cause de la corruption et des manifestations partout dans le pays, je reçois beaucoup d’appels. Plus de 100 par jour !"

Samar attend désespérément des nouvelles de sa demande de visa et regarde son téléphone sans arrêt. Elle doit se faire à l’idée de devoir peut-être tout laisser derrière elle, ses parents, sa langue maternelle et son foyer : "J’aime mon pays. Personne ne hait son pays, mais c’est pour mes enfants. La situation est fatigante. Ils pensent qu’on veut émigrer pour s’amuser à l’étranger, mais personne ne quitte son foyer pour s’amuser.”

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