Pékin, Tokyo et Séoul ont appelé, mardi, la Corée du Nord à s'abstenir de "provoquer" dans un contexte tendu autour du programme nucléaire de Pyongyang. Ce sommet tripartite a été marqué par un timide réchauffement dans les relations entre le Japon et la Corée du Sud.
À l'issue d'un sommet tripartite organisé à Chengdu, dans le sud-ouest de la Chine, le Premier ministre japonais Shinzo Abe s'est fait porteur d'un message commun de Pékin, Tokyo et Séoul à l'intention de la Corée du Nord. Celle-ci a été invitée à "s'abstenir de provocations". "Nous avons réaffirmé que la dénucléarisation de la péninsule (coréenne) et la paix durable en Asie de l'Est étaient l'objectif commun des trois pays", a déclaré pour sa part le Premier ministre chinois Li Keqian.
Pyongyang a récemment procédé à une série d'essais sur sa base de tir de fusées de Sohae, après une succession de tirs de projectiles les semaines précédentes, en dépit de plusieurs résolutions de l'ONU. Le régime de Kim Jong-un a procédé ces dernières semaines à une série de déclarations véhémentes et adressé à Washington un ultimatum pour la fin de l'année. Faute de progrès dans leurs discussions, Pyongyang a promis un "cadeau de Noël".
Après un rapprochement spectaculaire en 2018, les négociations sur le programme nucléaire nord-coréen sont dans l'impasse depuis l'échec du sommet d'Hanoï en février entre Kim Jong-un et le président américain Donald Trump. L'ancien conseiller américain pour la sécurité nationale John Bolton, limogé en septembre en raison de son désaccord avec la stratégie de Donald Trump, affirme que la menace est "imminente".
"Nous verrons bien quelle est cette surprise et nous y répondrons de la meilleure des manières. Il s'agit peut-être d'un beau cadeau. Peut-être m'enverra-t-il un splendide vase", a ironisé mardi le président américain, lors d'une conférence de presse organisée à sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.
Le Japon, allié des États-Unis, est en première ligne, constituant une des cibles favorites des essais de missiles du régime de Pyongyang, dont les engins tendent à s'abîmer en mer du Japon, voire à survoler cet archipel. L'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a qualifié mardi le Japon de "nain politique" et estimé que ses tirs de missiles ne constituaient "aucune menace".
Un timide rapprochement entre Tokyo et Séoul
Le sommet de Chengdu a également permis, pour la première fois en quinze mois, une rencontre entre Shinzo Abe et le président sud-coréen Moon Jae-in. Au cours d'une conférence de presse à l'issue de la rencontre, le Premier ministre japonais a exhorté Séoul à faire le nécessaire pour que le Japon et la Corée du Sud "retrouvent des relations solides". Il a cependant insisté sur "la responsabilité" de Séoul dans le règlement des différends entre les deux pays.
Côté sud-coréen, le président Moon a fait part à son interlocuteur japonais de l'importance d'avoir des "conversations franches" pour régler les différends entre leurs pays, a rapporté la presse sud-coréenne. Il a également estimé que la Corée du Sud et le Japon étaient "les plus proches voisins, géographiquement, culturellement et historiquement", selon la présidence.
Les relations entre Tokyo et Séoul sont plombées depuis des décennies par des contentieux historiques hérités de l'époque où la péninsule coréenne était une colonie japonaise (1910-1945). Mais la brouille s'est nettement aggravée il y a un an lorsque des tribunaux sud-coréens ont exigé d'entreprises nippones qu'elles dédommagent des Sud-Coréens forcés de travailler dans leurs usines pendant l'occupation japonaise.
Tokyo avait décidé cet été de rayer la Corée du Sud d'une liste d'États considérés comme des partenaires commerciaux privilégiés, une mesure perçue comme une sanction par Séoul qui avait aussitôt répliqué par une radiation similaire du Japon, envenimant un peu plus les relations.
Avec AFP