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Grand favori, l'Égyptien Hosni doit attendre un troisième tour

Après deux tours de scutin, le conseil exécutif de l'Unesco n'est toujours pas parvenu à élire son nouveau chef. L'Égyptien Farouk Hosni fait figure de favori malgré des propos anti-israéliens qui ont alimenté la controverse.

Candidat contesté au poste de directeur général de l'Unesco, l'Egyptien Farouk Hosni est arrivé en tête au premier tour de l'élection jeudi, mais avec un score insuffisant pour être déclaré vainqueur. Un second tour a été organisé ce vendredi, mais là encore, personne n'en est sorti vainqueur et un troisième round se prépare. Le règlement prévoit jusqu'à cinq tours si nécessaire.

Considérée comme la plus prestigieuse des institutions culturelles mondiales, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science, la culture et la communication (Unesco) a commencé à voter, ce jeudi, pour désigner son nouveau dirigeant alors que, depuis des mois, la polémique enfle à propos de l'un des candidats à la succession de Koïchiro Matsuura. 

En Égypte, la candidature de Farouk Hosni mobilise jusque dans les plus hautes sphères de l’État. Depuis deux ans, Le Caire mène une intense campagne diplomatique pour le voir prendre la tête de l’Unesco, allant jusqu’à solliciter, dès 2008, l’appui de la France, qui abrite le siège de l’organisation, lors du sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM).

Ailleurs dans le monde, en revanche, nombreux sont ceux qui s’insurgent contre l’éventuelle élection de cet artiste peintre originaire d’Alexandrie, en raison de ses déclarations anti-israéliennes relayées par la presse. Répondant à un élu issu des Frères musulmans, il avait affirmé, en 2008, qu'il "brûlerait lui-même" les livres en hébreu qu'il trouverait dans les bibliothèques égyptiennes.

Israël ne s'oppose pas à sa candidature

Dans une tribune publiée dans le quotidien français "Le Monde" du 22 mai 2009, des intellectuels de confession juive, comme Claude Lanzmann, Bernard-Henri Lévy et le prix Nobel Élie Wiesel, avaient appelé la communauté internationale à "s’épargner la honte que serait la désignation de Farouk Hosni au poste de directeur général de l’Unesco", qualifiant le candidat d'"homme dangereux". Dans une tribune publiée dans le même journal quelques jours plus tard, Farouk Hosni avait répondu à ses détracteurs en affirmant "regretter" ses propos.

"Si j’étais antisémite, pourquoi aurais-je fait restaurer toutes les synagogues d’Egypte ?", a-t-il rétorqué, lors d’un entretien accordé à FRANCE 24. Et de rappeler qu’en 2000, il a fait "traduire des livres de l’hébreu vers l’arabe".

En dépit de l’opposition farouche d’une grande partie de la communauté juive, l'Etat d'Israël a déclaré, en mai, qu’il ne "s’opposerait pas" à cette candidature.

Favori malgré tout

Malgré les critiques qu'il essuie, Farouk Hosni fait figure de favori du scrutin. Il peut compter, dit-il, sur le soutien de 32 des 58 pays membres du conseil exécutif de l'Unesco, dont ceux de l’Union africaine et de la Ligue arabe. À la tête du ministère égyptien de la Culture depuis 22 ans, il reste par ailleurs l'initiateur de nombreuses réalisations. C'est notamment lui qui est à l'origine de la création du Musée d'art moderne du Caire et de la rénovation de l'opéra d'Alexandrie. Il bénéficie enfin du soutien de l’ancien ministre français de la Culture, Jack Lang.

Farouk Hosni rappelle également qu’il a institué "des bibliothèques itinérantes pour favoriser l’éducation dans les villages reculés en Egypte". "Ce sera l’un de mes projets pour l’éducation si je suis élu", pomet-il.

Neuf autres candidats se présentent, dont la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner. Considérée comme la principale rivale de Farouk Hosni, elle souffre toutefois, elle aussi, d’un handicap de taille : avoir pris part à un gouvernement de coalition avec l'extrême droite en Autriche, il y a quelques années.

L'élection chargée de départager les prétendants débute ce jeudi 17 septembre par un vote à cinq tours maximum. Le candidat qui en sortira vainqueur sera, ensuite, confirmé en octobre à l'occasion de la conférence générale de l'Unesco, qui réunit tous les deux ans les 193 membres de l'organisation.