
Le siège du campus de l'Université polytechnique de Hong Kong, où une centaine de manifestants sont retranchés, se poursuivait mardi. La dirigeante Carrie Lam souhaite une issue pacifique au face-à-face entre la police et les protestataires.
La police estime que plus d'une centaine de manifestants ont entamé leur troisième journée retranchés dans le campus de l'Université polytechnique, a déclaré, mardi 19 novembre, la cheffe de l'exécutif de Hong Kong, Carrie Lam.
Cette dernière, dont les manifestants pro-démocratie réclament le départ, s'est dite "extrêmement préoccupée" par la situation dans le campus universitaire, que la police a encerclé après que les manifestants s'y sont réfugiés dans la nuit de samedi à dimanche.
Elle a indiqué que 600 manifestants avaient quitté le campus, parmi lesquels 200 jeunes âgés de moins de 18 ans. Certains ont en effet réussi dans la nuit une audacieuse "évasion" en descendant d'une passerelle au moyen de cordes avant d'être récupérés en contrebas par des motos et des scooters.
Carrie Lam a décrit les manifestants comme les ennemis de la population et appelé fermement à la fin des violences en amont des élections de district prévues le week-end prochain. La dirigeante a déclaré avoir dit à la police qu'elle espérait qu'une issue pacifique pourrait être trouvée aux échauffourées dans le campus universitaire.
Vague d'émotion
"Ce but ne peut être atteint qu'avec la pleine coopération des manifestants, et notamment bien sûr des émeutiers qui doivent cesser les violences, rendre les armes et sortir pacifiquement en écoutant les instructions de la police", a-t-elle averti. Elle a assuré avoir demandé à la police de gérer la situation avec "humanité".
Le sort des reclus de la PolyU a suscité une vague d'émotion au sein de la mouvance pro-démocratie responsable de la plus grave crise politique dans l'ex-colonie britannique depuis la rétrocession en 1997. Des dizaines de milliers de personnes ont ainsi manifesté lundi soir à Kowloon dans une tentative vraisemblablement coordonnée pour alléger la pression sur la PolyU et créer des contre-feux afin d'attirer la police anti-émeutes, qui s'est dite prête à faire usage de balles réelles.
Les soldats de l'armée chinoise, présents à Hong Kong depuis la rétrocession de l'ex-colonie, sont sortis ce week-end de leur caserne pour déblayer certaines rues de leurs barricades. Une apparition rarissime qui a encore alimenté l'hypothèse d'une opération militaire.
Menaces de Pékin
Et l'ambassadeur de Chine au Royaume-Uni a donné lundi du crédit supplémentaire à cette option. "Le gouvernement de Hong Kong fait tout son possible pour reprendre le contrôle de la situation", a déclaré Liu Xiaoming lors d'une conférence de presse. "Mais si elle devenait incontrôlable, le gouvernement central ne restera certainement pas les bras croisés. Nous avons la résolution et le pouvoir suffisants pour mettre fin aux troubles."
Autre message menaçant à l'endroit de la contestation, Pékin a balayé la décision de la justice hongkongaise, qui avait jugé anticonstitutionnelle l'interdiction du port du masque, que l'exécutif avait décidée pour couper l'herbe sous le pied des manifestants.
"La décision de la Haute Cour de Hong Kong affaiblit gravement la gouvernance du chef de l'exécutif et du gouvernement de la RAS" (région administrative spéciale), a déclaré Zang Tiewei, porte-parole de la commission des affaires législatives du comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (ANP, le parlement chinois), selon les médias d'État. Il a ajouté que seule l'ANP avait le pouvoir de décider si une loi est ou non conforme à la loi fondamentale hongkongaise.
"Blocage de tout dialogue"
Sur le plateau de France 24, Michel Bonnin, directeur d’études à l’EHESS, estime que les "manifestants ont encore le soutien de la population". "Tout le monde ne soutient pas la violence, mais tout le monde est plus ou moins conscient que les manifestants ne sont pas coupables au départ de cette violence. Ils répondent à un blocage de tout dialogue de la part du pouvoir et aux violences de la police."

Les autorités de Pékin ne veulent pas recommencer un Tiananmen, ajoute le chercheur. Cela serait assez suicidaire pour tous les avantages économiques qu’apporte Hong Kong. On a donc un Tiananmen rampant, c’est-à-dire que la police est de plus en plus dure et qu’il n’y a toujours pas de dialogue politique."
Avec Reuters