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Fedor, premier robot humanoïde, quitte le Kazakhstan pour l'espace

Envoyé dans l'espace jeudi, le robot russe Fedor devrait passer dix jours à bord de la Station spatiale internationale, afin de tester ses compétences sur le terrain.

Un mètre quatre-vingt pour cent-soixante kilos, voici les dimensions de Fedor, premier robot humanoïde russe envoyé jeudi 22 août vers la Station spatiale internationale (ISS). C’est à bord d’une fusée Soyouz – seul modèle de lanceur russe capable d’envoyer un équipage dans l’espace – que la machine effectue son voyage. Il devrait arriver à destination samedi.

Fedor, aussi appelé Skybot F850 d’après son numéro d’identification, n’a pas été baptisé ainsi par hasard : sa transcription anglaise (Fiodor en russe) est en fait l’acronyme de "Final Experimental Demonstration Object Research" ("Objet de recherche et de démonstration expérimentale finale"). Ce robot au corps anthropomorphe argenté rejoindra le cosmonaute russe Alexandre Skvortsov sur l’ISS, avant d’en repartir le 7 septembre. Pendant les dix jours passés sur la station, il est censé "réaliser cinq ou six tâches" qui "relèvent du secret", a évoqué Evguéni Doudorov, le responsable de la société créatrice dudit robot, à l’agence de presse russe RIA Novosti.

Déjà célèbre sur les réseaux sociaux

On sait néanmoins qu’il est capable d’imiter les mouvements de l’Homme, comme notamment ouvrir une bouteille d’eau. Fedor possède en effet des comptes sur les réseaux sociaux, comme Instagram ou Twitter, depuis juillet dernier, où il est possible de suivre son apprentissage. Alexandre Blochenko, directeur des programmes de l’Agence spatiale russe (Roskosmos) a également précisé qu’il était apte à manier un tournevis ou des clés, dans une interview accordée au quotidien Rossiskaïa Gazeta.

En plus de ces gestes anodins, Fedor a également été entraîné à… tenir des armes à feu. En avril 2017, le directeur de Roskosmos, Dmitri Rogozine, publiait sur son compte Twitter des photos du robot, deux armes de poing entre ses mains robotisées. Selon lui, cet entraînement était "un moyen de lui apprendre à prendre des décisions instantanément", et non de "créer un Terminator", faisant référence au film de science-fiction du même nom.

Мой корабль "Союз МС" отправляют на заправочную. Заправка завтра. Со мной планируют провести еще один цикл проверок. Пока всё по плану. Пуск стоит на 22 августа. pic.twitter.com/nAO9wPVcGe

  FEDOR (@FEDOR37516789) August 8, 2019

Si Fedor est le premier robot russe envoyé vers l’espace, plusieurs humanoïdes ont déjà été mis en orbite par d’autres pays. En 2011, la Nasa expédiait Robonaut   2 dans l’espace, également dans le but d’aider les astronautes présents à bord de l’ISS. Tombé en panne en 2014, il a été rapatrié sur Terre en 2018. En 2013, le Japon a également envoyé son robot, Kirobo, en même temps que Koichi Wakata, tout premier commandant japonais de la station. Il est revenu sur notre planète 18   mois plus tard.

Un robot censé redorer le blason de la Russie

Lors d’une rencontre avec Vladimir Poutine en août dernier, Dmitri Rogozine affirmait   : "Dans l’avenir, nous comptons sur cette machine pour conquérir l’espace lointain". En effet, il est envisagé que Fedor et ses futures déclinaisons puissent réaliser des missions dangereuses pour l’Homme, à savoir des sorties dans l’espace par exemple.

Une promesse qui n’est pas sans rappeler les récents échecs de la Russie en matière de conquête spatiale   : en octobre dernier, un problème moteur sur une fusée Soyouz en direction de l’ISS forçait l’équipage à un retour en urgence, à peine deux   minutes après son décollage. Des scandales de corruption dans le domaine spatial faisaient également les gros titres en mai dernier, après la fuite à l’étranger du directeur général de l'Institut des recherches de la construction des équipements spatiaux Iouri Iaskine . Un audit venait d’être lancé au sein de son entreprise, et il "craignait la découverte de malversations", selon le quotidien russe Kommersant.

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