Le candidat de droite Alejandro Giammattei a été élu dimanche à la présidence du Guatemala. Un homme réputé "impulsif, irascible, incontrôlable" pour prendre la tête d’un pays miné par la colère et la corruption.
Tout vient à point à qui sait attendre. Alejandro Giammattei, vainqueur de l’élection présidentielle au Guatemala, l’a bien compris. Le candidat de droite a été élu dimanche 11 août à la présidence du pays, après s’être présenté en 2007, 2011 et 2015, sans succès. Il aura donc fallu attendre une quatrième tentative pour recueillir plus de 58 % des suffrages et faire tomber son adversaire sociale-démocrate, Sandra Torres.
"À coup de testostérone"
Le chirurgien qualifié et ancien fonctionnaire du secteur public âgé de 63 ans, qui se déplace à l'aide de béquilles en raison d'une maladie vieille de 40 ans, n’est pas du genre à mâcher ses mots.
Élu sous les couleurs du parti de droite Vamos (Allons-y), Alejandro Giammattei a convaincu les électeurs en promettant durant sa campagne de combattre les criminels et les trafiquants de drogue à coup de "testostérone", et de rétablir la peine de mort. Il s’est par ailleurs engagé à limiter l'immigration dans le cadre de l'accord impopulaire signé par Jimmy Morales avec les États-Unis sous la pression du président Donald Trump.
Giammattei est surtout redouté pour ses colères intempestives et son caractère sanguin. "Son entourage le décrit comme quelqu'un d'impulsif, irascible, incontrôlable, despotique, tyrannique, imprévisible, capricieux et revanchard", écrit le site d'investigation guatémaltèque Nomada.
Comble pour cet ancien directeur de l'administration pénitentiaire, il a lui-même séjourné en prison durant dix mois en 2010 après avoir été accusé dans une affaire d'exécution extrajudiciaire de huit détenus en 2006. Il a finalement été libéré faute de preuves mais est resté, dit-il, profondément marqué par cette expérience d'incarcération.
"Un système expiré"
Conscient de la difficulté de la tâche qui s’impose désormais à lui – notamment face à la corruption généralisée et au mécontentement populaire –, le futur dirigeant a affiché un discours d’une grande sobriété. "Je ne serai pas le premier président, mais le premier serviteur de la nation. Nous ne serons pas les dirigeants parfaits, mais nous serons les bons dirigeants pour transformer le pays", a-t-il déclaré pour la première fois à ses partisans.
"Les deux [candidats] représentent un système que les gens rejettent, qui n’a plus de légitimité. Deux dignes représentants d’un système expiré. Le nouveau président aura un chemin très difficile, car Giammattei n'a pas le pouvoir politique nécessaire pour changer l'humeur du peuple et, encore moins, pour garantir la gouvernance, alors que sa représentation au Congrès est minimale : 16 députés sur 160 sièges", explique Manfredo Marroquín, ancien analyste de Transparency International.
Un défi de taille pour Alejandro Giammattei qui succédera officiellement à Jimmy Morales en janvier.