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Des festivals de musique 100 % femmes pour un peu plus de parité

Les disparités femmes-hommes dans la musique sont telles que de plus en plus de festivals programment exclusivement des femmes. À l'image de la chanteuse Lykke Li qui vient d'annoncer la naissance de son festival 100 % féminin.

Face aux disparités hommes-femmes parfois criantes dans la programmation des festivals de musique émerge un phénomène qui vise à rétablir l'équilibre : les festivals à programmation 100 % féminine.

La chanteuse suédoise Lykke Li a retroussé ses manches et annoncé mercredi 3   avril sur Instagram la création d’un festival de musique à la programmation exclusivement féminine. Baptisé Yola Fest et conçu comme une "célébration de la culture, des arts et de la musique par les femmes d’aujourd’hui", il se tiendra à Los Angeles le 8   juin   2019.

L’interprète du célèbre "I Follow Rivers" [chanson du film "La Vie d'Adèle"] s'est associée à deux de ses proches – dont Yola Jimenez, la cheffe d’entreprise et créatrice de la marque de mezcal Yola Mezcal –, pour monter l’événement, dont une partie des bénéfices engrangés sera reversée au Downtown Women’s Center de Los Angeles, une association d’aide aux femmes sans domicile fixe. Une première pour la chanteuse Lykke Li, mais le phénomène de féminisation à 100 % d'un festival, lui, se généralise, en France et à l’étranger.

"Un espace où elles peuvent se réaffirmer"

D’autres initiatives du même genre que Yola Fest ont déjà vu le jour. En France, le festival Les femmes s’en mêlent met ainsi à l’honneur les artistes féminines à Paris et dans toute la France jusqu' au mercredi 10   avril. Depuis   1997, son créateur, Stéphane Amiel, met au point chaque année une programmation 100   % féminine. "Au départ, c’était pour célébrer la journée internationale des droits des femmes [le 8 mars]", explique-t-il à France   24. "Ça s’est fait de manière plutôt instinctive, par goût artistique plus que par militantisme." Vingt-deux éditions plus tard, le festival est toujours en place. D’abord parce que les femmes sont encore minoritaires dans les programmations de festivals, mais aussi grâce à l'enthousiasme du public et des artistes. "C’est un espace où elles peuvent se réaffirmer. Leurs retours sont vraiment positifs, donc ça a du sens pour nous", continue Stéphane Amiel. "Et puis parfois, ça peut créer des liens entre elles, qui se retrouvent souvent dans des salles ou des programmations où elles sont les seules artistes féminines, entourées d’hommes."

Même son de cloche du côté du collectif 52, association féministe dont le nom fait référence à la proportion de femmes dans la population française – et donc à leur caractère majoritaire. En octobre   2018, le collectif a mis en place le Festival   52, qui s'est déroulé à Paris pendant deux jours. L'événement pluridisciplinaire célèbre l’émancipation au féminin à travers des concerts, des lectures, de l’art contemporain, des ateliers… "L’art par les femmes n’est parfois pas mené à bien, car il ne correspond pas aux critères masculins", nous explique Sophie Bramly, cofondatrice du collectif   52. "Nous vivons dans une société où les femmes elles-mêmes sont habituées à être absentes de la sphère médiatique. Et lorsqu’elles sont présentes, elles sont dévalorisées."

Programmations paritaires et intolérance face au sexisme

Dans de nombreux domaines, les inégalités femmes-hommes sont toujours largement présentes, et l’univers de la musique n’est pas en reste. En juin   2018, la chanteuse anglaise Lily Allen s’était indignée de la programmation du Wireless Festival, un festival britannique qui n’avait alors invité que trois femmes, sur trois jours complets de festival. Pour illustrer son propos, l’artiste avait repris l’affiche de l’événement sur son compte Twitter, puis retiré tous les noms masculins. Résultat   : un grand vide, qui avait suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Depuis, 46 festivals se sont engagés à proposer une programmation et une organisation paritaires d’ici à   2022.

The struggle is real pic.twitter.com/R58zKuCaK2

  LILY ALLEN (@lilyallen) 23 janvier 2018

Si la parité commence à se faire une place dans les festivals, les événements aux programmations 100   % féminines sont-ils encore nécessaires   ? "De manière générale, il serait bien que ce ne soit pas genré", nous précise la cofondatrice du collectif   52. "Mais pour que les gens revalorisent le travail des femmes, il faut passer par ces programmations." Un avis partagé par Stéphane Amiel, qui s’est souvent posé la question de sa propre légitimité à mettre en place une telle initiative. Avant de prendre conscience, notamment en constatant la part des femmes dans les autres programmations, qu’il pouvait "participer à quelque chose, être moteur d’impulsions". Et de fermement déclarer   : "On ne peut plus faire semblant."