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Brexit : Londres à court d'options ?

Après le troisième rejet, vendredi, de l'accord de retrait négocié par Theresa May, l'horizon du Brexit se brouille encore davantage. Les options pour éviter une sortie désorganisée de l'Union européenne paraissent de moins en moins viables.

Plus que quatorze jours. Le nouveau rejet par le Parlement britannique de l’accord sur le Brexit, vendredi 29 mars, signifie que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est dorénavant fixée au 12 avril. Bruxelles avait en effet défini qu’en cas d’absence d’accord le 29 mars, Londres bénéficierait de deux semaines supplémentaires pour tenter de sortir de l’impasse.

House of Commons did not seize their third chance to secure an orderly #Brexit. Very discouraging. UK must now show a way to avoid a #NoDeal. Almost out of options and time. We will intensify our no deal preparations.

  Lars Løkke Rasmussen (@larsloekke) 29 mars 2019

Mais les Britanniques commencent à être à "court d’options" pour éviter un Brexit "dur", c’est-à-dire sans accord de retrait pour régler l’avenir des relations entre le bloc européen et le Royaume-Uni, a réagi Lars Løkke Rasmussen, le premier ministre danois, après l’annonce des résultats. La cheffe du gouvernement britannique, Theresa May, a aussi exprimé son désarroi quant à la suite des événements. "Ce Parlement a rejeté le principe d’une sortie sans accord. Il a rejeté l’annulation du Brexit et, mercredi, il a voté contre toutes les variantes possibles de l’accord [qu’elle a négocié, NDLR]", a-t-elle énuméré devant les députés.

Quelques munitions

En réalité, les parlementaires conservent encore quelques munitions. Dès lundi 1er avril, ils se réuniront à nouveau pour tenter, encore une fois, de trouver une alternative au plan de retrait présenté à trois reprises par Theresa May – et rejeté autant de fois. Les députés pourront chercher à réunir une majorité sur l’une des huit options déjà débattues – comme un nouveau référendum ou l'annulation du Brexit – mercredi 27 mars, ou alors chercher une solution inédite. En cas de nouvel échec, le Parlement peut, en théorie, revenir à la charge une troisième fois, mercredi 3 avril.

Dans l’hypothèse d’un accord au Parlement pour une solution alternative, la balle revient dans le camp de Theresa May. La Première ministre doit alors décider si elle accepte le nouveau scénario. Dans ce cas, elle devrait pouvoir demander un nouveau report de la date de sortie lors du sommet européen spécial du 10 avril que Donald Tusk, le président du Conseil européen, a convoqué après l’annonce des résultats du troisième vote.

Mais si elle refuse, ou qu’aucune solution nouvelle ne se dessine à l’horizon, la situation se complique… encore plus. "Un scénario sans accord pour une sortie négociée est dorénavant l’issue la plus probable", a affirmé la Commission européenne dans un communiqué publié vendredi 29 mars.

Nouveau report du Brexit ?

Ce n’est cependant pas le seul. Londres peut encore obtenir un report si, comme l’a exigé Bruxelles, un changement majeur venait à intervenir. L’UE pourrait estimer que cette condition est remplie en cas, par exemple, de changement à la tête du gouvernement, explique la BBC. Theresa May pourrait démissionner ou être poussée à le faire après une motion de censure déposée par le Parti travailliste.

Un report serait probablement également accordé si la Première ministre décide que pour sortir de l’impasse, il est nécessaire d’organiser de nouvelles élections générales. Mais pour ce faire, il faut encore que deux tiers des parlementaires soient d’accord. C’est loin d’être gagné car, dans le contexte politique actuel, un grand nombre de députés craignent de perdre leur siège en cas de vote, rappelle le quotidien britannique The Guardian.

Mais l'Union européenne a précisé qu'un nouveau report serait, cette fois-ci, plus long, probablement jusqu'à la fin 2019. Dans ce cas, le Royaume-Uni devrait participer aux élections européennes de fin mai... Ce dont la majorité des parlementaires ne veulent pas entendre parler.