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Après les "dysfonctionnements" et les violences samedi à Paris, réunion de crise à l'Élysée

Matignon a reconnu dimanche avoir constaté des "dysfonctionnements" dans le dispositif de sécurité lors de la mobilisation des Gilets jaunes samedi à Paris. Le Premier ministre doit annoncer de nouvelles mesures de maintien de l'ordre lundi.

Après un week-end de tensions, Edouard Philippe est reçu à l'Élysée lundi 18 mars avec le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et la garde des Sceaux Nicole Belloubet. L'exécutif promet de nouvelles mesures sécuritaire pour pallier les "dysfonctionnements" apparus lors des violences samedi.

Il fera "ses propositions d'adaptation au président (...) pour renforcer la doctrine d'emploi des forces de l'ordre" et "s'assurer à tout moment de la fermeté de son exécution", a indiqué Matignon.

Après les "dysfonctionnements" et les violences samedi à Paris, réunion de crise à l'Élysée

La préfecture avait mobilisé samedi 16 mars quelque 5 000 membres des forces de l'ordre dont une quarantaine d'unités CRS et gendarmes mobiles pour sécurise l'acte XVIII de la manifestation des Gilets jaunes à Paris. Pourtant la police a semblé débordée par la violence des casseurs qui ont saccagé une partie des Champs-Elysées. Le gouvernement a admis dimanche des "dysfonctionnements" dans le dispositif de sécurité mis en place.

Une réunion s'est tenue en urgence dimanche après-midi autour du chef du gouvernement avec la ministre de la Justice Nicole Belloubet, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’État Laurent Nunez pour faire le point après les violences et les dégâts matériels de samedi sur les Champs-Elysées.

Une soixantaine de manifestants ont été blessés ainsi que 29 membres des forces de l'ordre, a précisé la préfecture de police de la capitale. Deux cents personnes ont été placées en garde à vue à Paris, dont 15 mineurs, selon le parquet.

"Il faut tirer toutes les conséquences de ces dysfonctionnements"

Christophe Castaner et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire devront aussi s'expliquer mardi devant les commissions des Lois et des Affaires économiques du Sénat sur ces violences et leurs conséquences économiques. 

Les commissions des lois et des affaires économiques du Sénat précisent dans un communiqué qu'"au vu de ces événements d’une réelle gravité", elles entendront les deux ministres "sur les moyens mis en place face aux troubles et "sur les conséquences de ces nouvelles dégradations sur la situation du commerce et l’attractivité économique de notre pays".

Bruno Le Maire recevra lundi à Bercy des représentants des secteurs d'activités touchés (commerçants, assurances, hôtellerie).

"Il faut tirer toutes les conséquences de ces dysfonctionnements", a ajouté dimanche Matignon, à l'issue de la une réunion.

Des violences dévastatrices pour l'image de l'exécutif, d'autant que certains médias les juxtaposaient à celles du chef de l'Etat en week-end de ski à La Mongie et à celles du ministre de l'Intérieur embrassant une jeune femme lors d'une soirée dans une discothèque parisienne la semaine précédente. Emmanuel Macron a d'ailleurs fini par rentrer samedi soir en promettant des "décisions fortes".

Le gouvernement a dénoncé une nouvelle fois des "événements d'une violence inacceptable contre les biens et des personnes" qui "doivent être condamnés avec la plus grande fermeté". "Ils sont le fait de casseurs, de pillards, d'incendiaires, et tous ceux qui encouragent de tels actes sont leurs complices", juge Matignon.

L'opposition de droite et de gauche dénonce les choix de l'exécutif

L'opposition de droite a dénoncé en boucle le "laxisme sécuritaire" de l'exécutif, selon le mot de François-Xavier Bellamy, qui mène la campagne des Républicains pour les Européennes de mai.  

"Pourquoi les forces de l'ordre ne sont pas intervenues, quelles consignes ont été données?", a aussi interrogé Xavier Bertrand (ex-LR).

La droite reproche à M. Macron de s'être privé d'une application rapide de la loi "anticasseurs", votée au Parlement mais qui fait l'objet d'une saisine du Conseil constitutionnel, de la part du président lui-même, pour répondre aux craintes de risque d'atteinte à la liberté de manifester.

La gauche dénonce, elle, une solution uniquement sécuritaire qui ne suffira pas à éteindre la crise.

Pour le numéro un du Parti socialiste, Olivier Faure, le gouvernement est entré "dans une logique sécuritaire" qui lui "permet d'esquiver un autre débat, le débat social".

"Le mal-être profond ne se résoudra ni par la répression, ni par l'interdiction de manifester, ni par un appel au calme, mais par de véritables mesures politiques", a relevé Hayk Shahinyan, président fondateur du Mouvement alternatif citoyen (MAC), résumant le sentiment de nombreux Gilets jaunes.

Avec AFP et Reuters