
Dans plusieurs villes d'Algérie, les manifestants ont réitéré leur rejet d'un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Washington a indiqué soutenir les manifestants tandis que l'armée a mis en garde ceux qui veulent "déstabiliser" le pays.
Plusieurs milliers d'étudiants ont encore défilé, mardi 5 mars, dans la capitale et dans plusieurs villes d'Algérie contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Dans la capitale, où les manifestations – interdites depuis 2001 – sont désormais quasiment quotidiennes depuis dix jours, les étudiants des différentes universités d'Alger s’étaient donné rendez-vous via les réseaux sociaux devant la Grande-Poste, bâtiment emblématique au cœur de la ville.
"Hé Bouteflika, il n'y aura pas de 5e mandat" ou "Ramenez les commandos de l'armée et la BRI (unité d'intervention de la police), il n'y aura pas de 5e mandat", ont-ils notamment chanté toute la journée dans le centre d'Alger, applaudis par des passants et soutenus à coups de klaxons par les automobilistes.
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Sans incident, des cortèges de milliers d'étudiants parfois accompagnés de leurs professeurs ont également défilé à Oran, Constantine et Annaba, les trois plus grandes villes du pays après Alger, ont constaté des journalistes de médias algériens sur place.
Des manifestations importantes se sont également déroulées à Béjaïa, Tizi-Ouzou et Bouira, principales villes de la région de Kabylie, dans le nord du pays, mais aussi à Blida (nord), Sétif (nord-est) ou Tlemcen (nord-ouest), selon les médias algériens.
L’armée agite le bâton
Parallèlement, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée, a averti que celle-ci serait la garante de la "sécurité" et la "stabilité". Il a accusé la contestation d'être le fait de "certaines parties", qu'il n'a pas nommées, "dérangées de voir l'Algérie stable et sûre" et désireuses de ramener l'Algérie aux "années de braises", une référence à la décennie noire de guerre civile qui a fait officiellement 200 000 morts entre 1992 et 2002, et qui a traumatisé le pays.
Le général a ensuite appelé les Algériens "à s'ériger en rempart contre tout ce qui pourrait exposer l'Algérie à des menaces aux retombées imprévisibles".
"Les États-Unis soutiennent le peuple algérien"
Mardi, Washington a, pour sa part, réagi pour la première fois depuis le début des manifestations en appelant les autorités algériennes à respecter le droit de manifester. "Les États-Unis soutiennent le peuple algérien et leur droit à manifester pacifiquement", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Paladino.
Le président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC, est la cible d'une contestation inédite depuis son élection à la tête de l'État il y a 20 ans. Les manifestations ont été déclenchées par l'annonce de sa volonté de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril prochain.
Sa candidature, enregistrée dimanche par le Conseil constitutionnel, a été assortie d'engagements destinés à calmer la colère, notamment ne pas aller au bout de son mandat et quitter le pouvoir après une série de réformes profondes.
Mais ses promesses n'ont pas réussi à apaiser la contestation, bien que le camp présidentiel ait estimé, la veille, qu'elles répondaient "pleinement" aux revendications des manifestants.
Avec AFP