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Nicolás Maduro envisage de déployer l'armée à la frontière avec la Colombie

Le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a demandé à son état-major de préparer un plan de déploiement le long de la frontière avec la Colombie, alors que l'aide humanitaire y est toujours bloquée.

Où s'arrêtera l'escalade au Venezuela ? Le président Nicolás Maduro envisage désormais un "déploiement" militaire à la frontière avec la Colombie, pays qui s'est dit "déterminé" à faire parvenir l'aide humanitaire envoyée par les États-Unis au peuple vénézuélien.

Lors d'une réunion avec le haut commandement militaire, vendredi 15 février, le successeur d'Hugo Chavez a demandé à son armée de préparer un "plan spécial de déploiement" à la frontière colombienne, longue de 2 200 km. Il souhaite évaluer "quelle nouvelles forces" sont nécessaires pour que cette frontière "soit inviolable, imbattable, inexpugnable".

"Je n'exagère pas. Donald Trump et Ivan Duque ont annoncé à la Maison Blanche des plans de guerre contre le Venezuela", a ajouté le dirigeant chaviste, en référence à la rencontre des présidents américain et colombien mercredi à Washington.

Ordené la creación inmediata de un Plan Especial de Despliegue Permanente y Adecuación de Fuerza para que nuestra #FANB se mantenga movilizada, desarrollando planes de defensa contra las conspiraciones y provocaciones, vengan de donde vengan. pic.twitter.com/NMfGO5r8h8

  Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) 16 février 2019

Donald Trump avait affirmé qu'il étudiait "toutes les options" pour régler la crise vénézuélienne et que l'option militaire "en était une". Il avait également signalé que Nicolás Maduro commettait "une terrible erreur" en empêchant l'aide humanitaire internationale d'entrer dans le pays en crise.

Cette aide représente le point de fixation de la crise vénézuélienne à dimension internationale. À ce sujet, Ivan Duque a durci le ton vendredi à l'égard de Nicolás Maduro en dialoguant avec Juan Guaido, l'opposant vénézuélien reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays.

"Nous serons attentifs à vous assister de manière déterminée afin que l'aide humanitaire arrive au Venezuela", a dit Ivan Duque au chef du Parlement vénézuélien lors d'une visioconférence diffusée en direct sur le réseau social Instagram.

Une aide humanitaire bloquée à la frontière

Plusieurs tonnes de vivres et de médicaments envoyées par les États-Unis sont stockées depuis le 7 février à Cucuta, ville colombienne à la frontière vénézuélienne, toujours bloquée au moyen de conteneurs déposés par les autorités de Caracas.

L'armée américaine va y ajouter près de 200 tonnes supplémentaires dans les prochains jours, a annoncé vendredi sous couvert d'anonymat un responsable du Pentagone. Et 2,5 tonnes de médicaments et aliments envoyés par Porto Rico – territoire américain des Caraïbes – viennent aussi d'arriver à Cucuta.

A la frontière de la #Colombie, les Vénézuéliens guettent l'arrivée de l’aide humanitaire, alors que les militaires ont bloqué le pont => https://t.co/x5WFOwLWx2 Reportage @JuanRestrepoCol ????@RAULARBOLEDA @edinsonpower ???? pic.twitter.com/aMlsGzDv6h

  Florence Panoussian (@Arroussiak) 7 février 2019

Nicolás Maduro refuse pour l'heure toute aide, qu'il considère comme un prétexte pour préparer une intervention militaire des États-Unis. Juan Guaido, pour sa part, a assuré que l'aide humanitaire entrerait dans son pays "quoi qu'il arrive" le 23 février, soit un mois pile après s'être autoproclamé président par intérim du Venezuela. La majorité à l'Assemblée nationale avait alors qualifié Nicolás Maduro d'"usurpateur" à la suite d'une élection présidentielle qu'elle considère frauduleuse.

Juan Guaido a aussi promis d'assister au concert humanitaire organisé le 22 février à Cucuta par le milliardaire britannique Richard Branson, ajoutant qu'il y inviterait "d'autres personnalités de la communauté internationale".

Cet événement comprenant une vingtaine d'artistes, notamment le Portoricain Luis Fonsi, interprète du tube planétaire "Despacito", doit permettre de "lever 100 millions de dollars en 60 jours et de rouvrir la frontière vénézuélienne pour que l'aide humanitaire puisse enfin parvenir aux millions de personnes qui en ont le plus besoin", comme il est écrit sur son site internet.

Des "miettes" et de la "nourriture pourrie"

Vendredi, Nicolás Maduro a réaffirmé son refus de la laisser entrer, la qualifiant de "miettes" de "nourriture pourrie". "C'est un piège, un attrape-couillons, ils font un show avec la nourriture pourrie et contaminée", a assuré le dirigeant chaviste dans un discours à Ciudad Bolivar.

Le Venezuela, de plus en plus isolé sur la scène internationale, traverse une grave crise économique, avec une population de plus en plus démunie face aux pénuries de vivres et de médicaments.

Nicolás Maduro dément cependant l'existence d'une "urgence humanitaire", et rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions américaines, dont Caracas évalue l'impact à 30 milliards de dollars par an sur l'économie vénézuélienne. Il a par ailleurs assuré que son gouvernement distribuait des caisses d'aide alimentaire à des prix subventionnés à six millions de familles. Il a également indiqué avoir acheté 933 tonnes de matériel médical à la Chine, Cuba et la Russie, ses alliés.

Washington fait toujours davantage pression sur lui : vendredi, les États-Unis ont infligé des sanctions financières à cinq hauts responsables proches de Nicolás Maduro. Ces cinq hommes dirigent les services de renseignement, la garde présidentielle, la police et la compagnie pétrolière nationale PDVSA.

Avec l'AFP