Juan Guaido s'est adressé mercredi à l'armée vénézuélienne pour qu'elle laisse entrer l'aide humanitaire envoyée notamment par Washington. Sous la surveillance de militaires, des remorques bloquaient l'acheminement à la frontière colombienne.
L'opposant vénézuélien Juan Guaido a demandé mercredi 6 février aux militaires de ne pas bloquer l'aide humanitaire envoyée au Venezuela. Cette aide provient notamment des États-Unis qui se sont dit prêts à exempter de sanctions ceux qui désavoueraient le président Nicolas Maduro.
Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une quarantaine de pays, a jugé "absurde" l'attitude des militaires qui ont bloqué le pont de Tienditas, à la frontière avec la Colombie, où est organisée une collecte de vivres et de médicaments.
Trois remorques de camions bloquaient totalement le passage du pont, qui relie les localités de Cucuta (Colombie) et d'Urena (Venezuela), sous la surveillance de militaires vénézuéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Réaction absurde"
"C'est la réaction absurde d'un régime qui ne s'intéresse pas au citoyen. Nous allons faire tout ce qui est possible pour qu'entre une partie de cette aide", a déclaré le chef de file de l'opposition, sans donner plus de détails sur l'entrée des cargaisons d'aide, également collectées au Brésil et sur une île des Caraïbes.
Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a réagi en appelant Nicolas Maduro à "laisser entrer" l'aide humanitaire dont le "peuple vénézuélien a désespérément besoin".
Juan Guaido s'est également adressé à l'armée, élément clé de la crise vénézuélienne, pour qu'elle laisse entrer l'aide humanitaire.
Les militaires "ont une responsabilité importante : continuer du côté de la dictature qui n'a pas une once d'humanité (...) ou se mettre du côté de la Constitution", a-t-il déclaré dans un entretien à une radio colombienne.
Exemption de sanctions
Dans une nouvelle tentative de faire basculer l'armée, John Bolton, le conseiller à la sécurité de Donald Trump, a annoncé que les États-Unis étaient prêts "à exempter de sanctions tout haut responsable militaire vénézuélien qui se battrait pour la démocratie et reconnaîtrait le gouvernement constitutionnel du président Juan Guaido".
Le Parlement vénézuélien, unique institution aux mains de l'opposition, a approuvé mardi un plan stratégique pour la distribution de vivres et de médicaments depuis la Colombie et le Brésil, où des centres de collecte doivent être installés. Le Canada a promis 40 millions de dollars d'aide, Washington 20 millions et l'UE 7,5 millions.
Frappé par la pire crise économique de son histoire récente, le Venezuela souffre de graves pénuries de médicaments et de nourriture. Environ 2,3 millions de Vénézuéliens ont choisi de s'exiler depuis 2015, selon l'ONU.
Sans relâcher la pression sur le chef de l'État, Juan Guaido, qui s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier, a appelé le 12 février à une nouvelle mobilisation, ainsi qu'à une manifestation, sans date connue pour l'heure, pour exiger que les militaires laissent entrer l'aide humanitaire dans le pays.
Élection contestée
Le chef du Parlement considère Nicolas Maduro comme un usurpateur pour s'être fait réélire lors d'une élection contestée avec ses adversaires en prison ou en exil.
Depuis lundi et l'expiration de l'ultimatum lancé au chef de l'État Nicolas Maduro pour convoquer une élection présidentielle anticipée, une vingtaine de pays européens, dont l'Espagne, la France et l'Allemagne, ont reconnu Juan Guaido, 35 ans, comme président par intérim.
Parallèlement, plusieurs pays tentent de faciliter une solution négociée à la crise.
L'Uruguay et le Mexique ont proposé mercredi un mécanisme de dialogue sans conditions préalables, à la veille d'une réunion, à Montevideo, d'un Groupe de contact international réunissant l'UE, sept pays européens et quatre pays d'Amérique latine.
Avec AFP