L'opposant camerounais Maurice Kamto, arrêté lundi soir après des manifestations non autorisées, va faire l'objet d'une enquête notamment pour "rébellion" et "incitation à l'insurrection", ont indiqué ses avocats dans la nuit de mercredi à jeudi.
Au total, huit infractions sont imputées à l'opposant camerounais Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle d'octobre derrière le président Paul Biya : "L'attroupement, la rébellion en groupe, l'hostilité à la patrie, insurrection, le trouble à l'ordre public, l'association de malfaiteurs, l'incitation à l'insurrection, la complicité", a déclaré l'un de ses quinze avocats, Me Sylvain Souop, au cours d'une conférence de presse dans la nuit du mercredi 30 au jeudi 31 janvier.
"Ces huit infractions sont reprochées à toutes les autres personnes qui font l'objet d'enquêtes préliminaires", soit "200 interpellés", a précisé Me Souop. "Il y a une qualification des faits avant même que les gens aient été entendus", a-t-il dénoncé. L'avocat a indiqué avoir rencontré mercredi après-midi Maurice Kamto, détenu au Groupement spécial d'opérations (GSO), une unité d'élite de la police.
"Il va bien, il a le moral, il est serein et il a été entendu (mercredi après-midi) en présence du directeur général de la Police judiciaire", a déclaré Me Souop. Lors du point de presse, le parti de Maurice Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a démenti avoir organisé samedi des manifestations à l'étranger durant lesquelles plusieurs ambassades en Europe ont été saccagées par des manifestants.
"Maurice Kamto dénonce ce vandalisme des représentations diplomatiques, il n'a jamais envoyé qui que ce soit casser quoi que ce soit", a affirmé Me Souop. Son client, ancien ministre de la Justice de Paul Biya, "fait confiance à la justice du Cameroun", a conclu son avocat.
Maurice Kamto et plusieurs cadres de son parti avaient été arrêtés lundi soir à Douala et Yaoundé, deux jours après qu'une centaine de militants, selon les autorités, eurent été interpellés samedi lors de marches non autorisées. Deux journalistes camerounais ont aussi été interpellés lundi soir, après avoir été "confondus avec des activistes politiques dans l'exercice de leurs fonctions", selon le syndicat des journalistes camerounais. Ils étaient toujours détenus jeudi.
Des manifestations interdites
Les autorités camerounaises ont également interdit jeudi des manifestations prévues à Yaoundé, début février. "Les marches de revendication, de protestation et de désapprobation projetées (à) Yaoundé les 1er, 2, 8 et 9 février (...) sont interdites pour des nécessités de préservation de l'ordre public", a écrit dans un communiqué le préfet du département du Mfoundi (dont fait partie Yaoundé), Jean-Claude Tsila. "Le préfet demande par conséquent à tous les organisateurs de ces marches de bien vouloir renoncer à leurs projets", selon le communiqué, lu à la radio d'État.
Le 1er février était prévue une marche "en réplique aux manifestations illégales organisées par un parti d'opposition (MRC)", organisée par un collectif peu connu. Le 2 et le 9, des marches du MRC étaient prévues.
Depuis l'annonce des résultats de la présidentielle, fin octobre, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu'il qualifie de "hold-up électoral". Selon les résultats du Conseil constitutionnel, l'ex-candidat du MRC est arrivé deuxième (14,23 % des suffrages) derrière Paul Biya, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2 % des voix.
Avec AFP