Un attentat-suicide perpétré contre la police a causé la mort de 18 personnes au moins, dans un district tribal du nord-ouest du Pakistan. La plupart des victimes sont des agents qui s'étaient rassemblés pour rompre le jeûne du ramadan.
AFP - Au moins 18 policiers ont péri jeudi dans un attentat-suicide dans le nord-ouest du Pakistan, quelques heures après qu'un nouveau tir de missiles américains eut tué au moins quatre combattants islamistes dans un bastion des talibans alliés à Al-Qaïda.
Alors que des policiers se rassemblaient dans leurs baraquements pour rompre le jeûne du Ramadan, un kamikaze a fait irruption et fait exploser la bombe qu'il portait sur lui à Torkham, une ville frontalière avec l'Afghanistan.
"Il a tué au moins 18 policiers et blessé huit autres", a déclaré à l'AFP Tariq Hayat, le chef de l'administration du district tribal de Khyber, où a eu lieu l'attaque.
Un autre fonctionnaire local, Naeem Afridi, a dit redouter que le bilan ne s'alourdisse. "Les véhicules de l'administration locale transportent les blessés à l'hôpital", a-t-il expliqué, sans pouvoir en donner le nombre.
Plus de 2.000 personnes ont été tuées ces deux dernières années dans tout le Pakistan dans une vague de près de 300 attentats, perpétrés pour la plupart par des kamikazes affiliés au Mouvement des Talibans du Pakistan (Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP), alliés à Al-Qaïda.
Dans la plupart des cas, ces attentats visent les forces de sécurité mais de nombreux civils sont tués, y compris dans les grandes villes du pays.
L'attentat de Torkham a été perpétré quelques heures après que deux missiles tirés par un avion sans pilote (drone) américain eut tué au moins quatre combattants islamistes dans un autre district tribal du nord-ouest, frontalier aussi avec l'Afghanistan, selon des officiers des forces de sécurité.
La CIA ou l'armée américaine qui combat les talibans en Afghanistan utilisent fréquemment leurs drones pour cibler des combattants d'Al-Qaïda ou des talibans dans les zones tribales voisines du nord-ouest du Pakistan.
La nouvelle attaque américaine visait jeudi un complexe d'habitations dans le village de Kaniguram, dans le Waziristan du Sud, bastion du TTP.
Leur chef Baïtullah Mehsud avait été tué le 5 août par un missile américain dans le Waziristan du Sud et les talibans lui ont désigné un successeur mardi, Hakimullah Mehsud, âgé de moins de 30 ans.
Celui-ci a aussitôt promis de venger la mort de Baïtullah en s'attaquant notamment "à l'Amérique" et au Pakistan, allié-clé de Washington dans sa "guerre contre le terrorisme" depuis fin 2001.
Hakimullah Mehsud a fait ses armes ces deux dernières années notamment dans le district de Khyber, où Baïtullah l'avait nommé à la tête des combattants du TTP. Ces derniers, Hakimullah en tête, y attaquaient en particulier souvent les convois qui ravitaillent les troupes américaines et de l'Otan en Afghanistan.
La fameuse passe de Khyber est la voie principale d'accès à ce pays depuis le Pakistan et Torkham en est le poste-frontière.
L'attentat de jeudi intervient après une pause toute relative dans la vague d'attaques-suicide depuis la mort de Baïtullah Mehsud.
Les responsables des forces de sécurité qui ont annoncé les tirs des deux missiles américains n'ont pas été en mesure de dire si les cibles étaient ou non des cadres importants des talibans ou d'Al-Qaïda.
Kaniguram est réputé être un bastion du TTP de feu Baïtullah Mehsud, qui était considéré par Washington comme le relais d'Al-Qaïda au Pakistan. Les Etats-Unis avaient mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars.
Washington estime qu'Al-Qaïda a reconstitué une partie de ses forces dans ces régions, et que les talibans afghans y ont installé des bases arrières, avec le soutien des talibans pakistanais.