Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a affirmé mercredi soir que l'État avait demandé à Renault la tenue d'un conseil d'administration dans les prochains jours, en vue de la nomination d'un successeur à Carlos Ghosn.
La chute continue pour Carlos Ghosn. Cette fois, c'est l'État français qui lâche le patron de Renault, détenu depuis le 19 novembre au Japon. Paris a officiellement demandé, mercredi 16 janvier, la nomination d'un successeur à la tête du constructeur automobile dans les prochains jours.
"J'ai toujours indiqué, en rappelant la présomption d'innocence de Carlos Ghosn, que s'il devait être durablement empêché, nous devrions passer à une nouvelle étape. Nous y sommes", a ainsi affirmé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur la chaîne LCI.
"Dans cette nouvelle étape, nous avons besoin maintenant d'une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault", a-t-il ajouté. "J'ai demandé explicitement, comme actionnaire de référence, que le conseil d'administration de Renault soit convoqué dans les prochains jours", a-t-il aussi indiqué. "Nous souhaitons que ce conseil d'administration désigne une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault", a encore dit Bruno Maire. Carlos Ghosn sera donc remplacé ? "Tout à fait", a-t-il répondu.
Le ministre n'a toutefois pas précisé si le nouveau PDG prendrait aussi la tête de l'alliance avec les japonais Nissan et Mitsubishi : "Ce sera au conseil d'administration de lui dire exactement les contours de ses fonctions."
Vers une direction scindée en deux ?
Au sujet de Jean-Dominique Sénard, le président sortant de Michelin dont le nom circule comme possible président non exécutif de Renault, Bruno Le Maire est resté vague : "C'est un grand industriel, un homme qui a une conception sociale de l'entreprise et qui l'a démontré à plusieurs reprises", a-t-il déclaré, soulignant qu'il était aussi "un spécialiste du secteur automobile". Il a toutefois souligné que "l'État se prononcera sur la base des candidats qui lui seront soumis comme actionnaire de référence".
Scénario le plus souvent évoqué, la direction de Renault pourrait être scindée en deux, avec un président du conseil d'administration d'un côté et un directeur général exécutif de l'autre, le nom de Thierry Bolloré, nommé il y a un an adjoint de Carlos Ghosn, revenant le plus souvent pour ce dernier poste.
"Nous souhaitons la pérennité de l'alliance. La question des participations au sein de l'alliance n'est pas sur la table", a assuré Bruno Le Maire, au moment où les tensions affleurent entre Français et Japonais.
Les avocats de Carlos Ghosn font appel
L'État français est le premier actionnaire de Renault, avec 15,01 % du capital. Nissan en détient 15 %, mais sans droits de vote en assemblée générale. Renault contrôle pour sa part 43 % de Nissan, qu'il a sauvé de la faillite il y a près de 20 ans. Nissan possède par ailleurs 34 % de Mitsubishi Motors, dernier venu dans l'alliance née en 1999.
En parallèle, les avocats de Carlos Ghosn ont fait appel du refus de libérer leur client sous caution, a annoncé jeudi le tribunal de Tokyo. Carlos Ghosn, sous le coup de trois inculpations, pour abus de confiance et autres malversations financières, est actuellement en détention provisoire jusqu'au 10 mars au moins, sauf si l'appel déposé jeudi n'inverse la décision de première instance rendue mardi.
Avec AFP