Le président américain Donald Trump a menacé, jeudi, de complètement fermer la frontière entre les États-Unis et le Mexique, y compris aux échanges commerciaux, afin de dissuader les tentatives d’intrusion de milliers de migrants centraméricains.
Sceller hermétiquement la frontière entre les États-Unis et le Mexique, quitte à bloquer le passage des voyageurs en règle et les échanges commerciaux. C’est la dernière idée du président américain Donald Trump pour faire face à l’afflux annoncé de milliers de migrants centraméricains.
L'avant-garde de la caravane de migrants, constituée de plusieurs centaines de personnes, est arrivée à Tijuana, au nord-ouest du Mexique. Celles-ci se dirigeaient jeudi vers la frontière avec les États-Unis pour réclamer de pouvoir déposer des demandes d'asile.
Les migrants, en majorité des hommes, mais aussi des femmes accompagnées d'enfants en bas âge, ont quitté à la mi-journée le refuge mis à leur disposition par les autorités locales pour se diriger vers le pont El Chaparral, situé à proximité du poste-frontière menant en Californie, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'armée américaine autorisée à ouvrir le feu
Des hélicoptères des forces armées américaines surveillaient leur progression.
Selon des représentants américains, s’exprimant sous couvert d’anonymat, la Maison blanche a donné cette semaine l’autorisation au secrétaire à la Défense, Jim Mattis, d’octroyer des missions supplémentaires à l’armée américaine déployée à la frontière, pour permettre aux soldats d’intervenir afin de protéger cette frontière et le personnel des unités de douane.
Au début du mois, Donald Trump a suggéré que l’armée pourrait faire feu sur les migrants en cas d’agression, avant de revenir sur ses propos le lendemain. Le président américain a dit jeudi avoir donné aux soldats l’autorisation d’utiliser si nécessaire la force létale à la frontière mexicaine.
"S’il le faut, ils auront recours à la force létale. Je leur ai donné mon accord – j’espère qu’ils n’auront pas à le faire", a dit Donald Trump aux journalistes depuis Palm Beach, en Floride.
Les migrants ne veulent pas rester au Mexique
Un agent du groupe Beta, qui réunit des fonctionnaires et des volontaires du gouvernement mexicain pour porter assistance aux migrants, a tenté de raisonner les manifestants en leur rappelant qu'il était nécessaire de s'inscrire sur une liste d'attente pour déposer une demande d'asile aux États-Unis.
"Qu'ils nous laissent passer, nous sommes désespérés, nous avons laissé nos familles au Honduras. Nous devons commencer à travailler", a répondu un migrant identifié comme Wilson. L'attente pour l'étude des dossiers de demande d'asile peut prendre plus d'une année.
L'agent a par ailleurs rappelé quels étaient les bénéfices que les migrants pourraient tirer en demandant l'asile au Mexique. "Il y a un bureau où on vous propose du travail, il y a du travail en ville (...). Nous voulons que vous puissiez gagner (un peu d'argent) avant d'aller aux États-Unis. Il faut attendre votre tour", a-t-il exhorté.
Un homme qui s'est présenté comme un défenseur des droits de l'Homme a également tenté de dissuader les migrants de poursuivre leur route. "C'est une bonne offre, vous devez la prendre en compte car vous pourrez ainsi obtenir la régularisation" au Mexique, a-t-il expliqué.
"Non, nous ne voulons pas !", ont crié les migrants avant de reprendre leur marche.
Quelque 4 500 migrants de la caravane, pour la plupart des Honduriens, sont actuellement hébergés à Tijuana, en Basse-Californie, où les refuges sont arrivés à saturation et certains campements improvisés ont commencé à apparaître aux alentours.
Les migrants de ce vaste cortège ont quitté le Honduras le 13 octobre, fuyant la violence et la pauvreté, et parcouru plus de 4 000 kilomètres en un peu plus d'un mois.
Avec Reuters et AFP