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"Inacceptable", "impoli", "pas sérieux" : la Turquie est furieuse contre la France, qui dément avoir reçu des informations d'Ankara au sujet du meurtre du journaliste Jamal Kashoggi et qui accuse le président Erdogan de "jeu politique".

Le ton monte entre Paris et Ankara. La Turquie a éreinté lundi 12 novembre la France après que celle-ci a évoqué un "jeu politique" du président Recep Tayyip Erdogan à propos du meurtre de Jamal Khashoggi et démenti avoir reçu des informations de la part d'Ankara.

Dans une interview à la chaîne de télévision France 2, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a déclaré ne "pas avoir connaissance" d'un partage d'informations turques, contredisant des déclarations de Recep Tayyip Erdogan. Interrogé sur l'éventualité d'un mensonge du président turc sur ce point, le ministre français a observé que ce dernier avait "un jeu politique particulier dans cette circonstance".

Jean-Yves Le Drian sur France 2

????️ @JY_LeDrian "Sur l'affaire #Kashoggi, la vérité n'est pas au rendez-vous ! Le président #Erdogan a un jeu particulier dans ces circonstances..." #Les4V @telematin pic.twitter.com/qQgxSjGQGx

  Caroline Roux (@Caroline_Roux) 12 novembre 2018

"Le ministre français des Affaires étrangères a dépassé les bornes. Il doit apprendre à s'adresser à un chef d'État", a lâché le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu. "Accuser notre président de jouer un jeu politique est extrêmement impoli." "Je sais que le 24 octobre, notre service de renseignement a transmis tous les éléments, y compris un enregistrement audio, aux services de renseignement français à leur demande", a ajouté le ministre turc.

À la suite de la colère turque, le ministère français des Affaires étrangères a évoqué un "malentendu". Selon le Quai d'Orsay, le ministre a voulu dire qu'il n'avait pas reçu d'informations turques permettant d'établir la "vérité complète" dans l'affaire Khashoggi, en l'occurrence sur les circonstances et les responsables de ce meurtre. "La vérité complète qui nous importe ne tient pas seulement à des enregistrements turcs, quelle qu'en soit la nature. La vérité complète, elle est aussi à rechercher à Riyad, dans nos échanges avec nos autres partenaires", a-t-on ajouté au ministère français des Affaires étrangères.

Le président Erdogan avait pour la première fois confirmé officiellement samedi l'existence 'd'enregistrements" portant sur le meurtre de Khashoggi, ajoutant qu'Ankara avait partagé ces documents avec plusieurs alliés, dont Washington, Berlin, Paris et Londres.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a pour sa part confirmé lundi que les services canadiens avaient écouté les enregistrements et avaient été "pleinement informés de ce que la Turquie avait à partager". L'Allemagne a de son côté évoqué un "échange entre services secrets" allemand et turc, se refusant toutefois à fournir davantage de précisions.

Avec AFP