
La police turque a procédé à une perquisition lundi au consulat saoudien d'Istanbul dans le cadre de l'enquête sur la disparition du journaliste et éditorialiste critique du pouvoir saoudien, Jamal Khashoggi.
Après des jours de tractations, l es autorités turques ont pu fouiller lundi 15 octobre le consulat saoudien à Istanbul dans le cadre de l'enquête sur la disparition du journaliste Jamal Khashoggi. Un convoi de six voitures est arrivé au consulat sous haute sécurité en début de soirée. La perquisition a duré neuf heures.
Les policiers, certains en uniforme et d'autres en civil, sont immédiatement entrés dans le bâtiment pour entamer leurs recherches. La fouille du consulat a été autorisée la semaine dernière par les Saoudiens, mais n'avait pas encore pu avoir lieu en raison d'un désaccord sur ses modalités, selon les médias turcs.
Elle intervient au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le roi Salmane d'Arabie saoudite au cours duquel ils ont évoqué le cas de Jamal Khashoggi. Le président turc a pressé à plusieurs reprises, en vain, les autorités saoudiennes de présenter des images prouvant que Jamal Khashoggi avait bel et bien quitté le consulat.
Une commission internationale pour enquêter
L'éditorialiste saoudien, critique du pouvoir de Riyad et qui s'est exilé aux États-Unis en 2017, s'était rendu au consulat saoudien d'Istanbul le 2 octobre pour des démarches administratives en vue de son prochain mariage avec une femme Turque, Hatice Cengiz. Il n'a plus été revu depuis. Riyad assure qu'il a quitté la représentation diplomatique, mais les responsables turcs affirment le contraire et certains responsables accusent les autorités saoudiennes d'avoir fait assassiner le journaliste dans le consulat par un groupe d'agents envoyés spécialement à cette fin.
Selon la chaîne d’information américaine CNN qui se base sur deux sources, l’Arabie saoudite se préparerait finalement à faire une annonce reconnaissant que le journaliste est décédé des suites d'un interrogatoire qui aurait mal tourné. L'une des sources précise que l'annonce est toujours en cours de rédaction et qu'elle peut encore être modifiée. La seconde source explique que l'opération a été menée sans les autorisations nécessaires et que les personnes impliquées seront tenues pour responsables.
Jamal Khashoggi s'était exilé aux États-Unis il y a un an, craignant que ses opinions ne lui valent des représailles. Au cours de l'année écoulée, il a dénoncé dans des articles publiés par le Washington Post l'attitude de Riyad à l'égard du Qatar, la guerre au Yémen et la répression politique ou la censure dans son pays.
Des membres de la famille de Khashoggi ont demandé l'ouverture d'une enquête. "Nous suivons tristement et anxieusement les informations contradictoire concernant le sort de notre père après avoir perdu contact avec lui il y a deux semaines", rapporte le communiqué de sa famille. "La forte responsabilité morale et juridique que notre père nous a inculquée nous oblige à demander la mise en place d'une commission internationale, indépendante et impartiale, pour enquêter sur les circonstances de sa mort".
Après une conversation téléphonique avec le roi Salmane, le président américain Donald Trump a émis une nouvelle hypothèse lundi : "Je ne veux pas spéculer à sa place, mais il m'a semblé que, peut-être, cela pourrait être le fait d'éléments incontrôlables. Qui sait ?", a-t-il déclaré. DonaldTrump a également annoncé qu'il dépêchait son secrétaire d'État Mike Pompeo à Riyad pour s'entretenir directement avec le roi Salmane.
Il est arrivé mardi en Arabie Saoudite. Le haut responsable américain a été reçu auparavant pendant une vingtaine de minutes par le roi Salmane. "J'espère que vous vous sentez à l'aise ici", a déclaré le souverain saoudien au début de la rencontre, tandis que Mike Pompeo l'a "remercié" d'avoir "accepté" sa visite à la demande de Donald Trump. L'entretien a duré seulement une vingtaine de minutes. Mike Pompeo doit aussi rencontrer le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l'homme fort du royaume.
Avec Reuters et AFP