C'est devenu une habitude : pendant le mois du ramadan, les tables de charité fleurissent un peu partout en France. Une tradition à laquelle les associations caritatives n'ont pas l'intention de déroger cette année.
Le ramadan est connu comme le mois du jeûne pour les musulmans, mais c’est aussi celui de la solidarité avec les pauvres. Les tables de charité ont toujours existé dans les pays musulmans mais, aujourd’hui, le phénomène se développe dans les pays où vivent d’importantes communautés musulmanes.
À l’approche du ramadan, les associations caritatives musulmanes françaises se préparent donc à offrir des repas aux plus démunis. Craignant une baisse substantielle des dons à cause de la crise économique, certaines organisations, telle Une chorba pour tous, ont lancé des campagnes de sensibilisation pour pouvoir accomplir leur mission. Avec succès apparemment, comme le révèle cette revue d'effectifs...
Une chorba pour tous
Une chorba pour tous a été créée en 1992, à Paris, grâce aux dons de nombreux commerçants et à l’aide financière octroyée par la Ville de Paris et la mairie du XIXe arrondissement de la capitale. Depuis trois ans, l’association maintient ses activités tout au long de l’année.
Pour le ramadan à venir, la mairie du XIXe a mis à la disposition de l’association un grand chapiteau, rue de l’Ourcq, où quelques tables ont déjà été dressées. Les années précédentes, les repas étaient servis sous des tentes montées place Stalingrad et place de Belleville, dans deux autres quartiers populaires de Paris abritant une importante communauté maghrébine et africaine.
L’association distribue quotidiennement entre 1 800 et 2 000 repas d’iftar (repas de rupture du jeûne), ainsi que 800 paniers comprenant des produits alimentaires de première nécessité (lait, huile, sucre, etc.). Le budget consacré au ramadan par l'association atteint cette année 85 000 euros, contre 80 000 en 2008. Près de la moitié des fonds provient de la Ville de Paris, le reste émanant d’anonymes et d’entreprises. Une grande société spécialisée dans le transfert d’argent a, par exemple, versé une aide de 10 000 euros.
Le président d'Une chorba pour tous, Ali Hasni, craint toutefois que la crise ne freine l’élan de générosité des donateurs privés. Pour faire face à une éventuelle baisse des subsides, l’association a lancé une campagne de sensibilisation particulièrement musclée. "Cette année, nous avons doublé nos appels aux dons via des annonces diffusées dans les radios et les télévisions communautaires", explique Ali Hasni.
Le Secours islamique
Le Secours islamique a vu son budget ramadan augmenter de 50 % par rapport à 2008. Même si ce n’est pas son activité principale, l’organisation, basée en Seine-Saint-Denis (banlieue parisienne), consacrera, durant le mois sacré, environ 150 000 euros (contre 100 000 l’an passé) aux familles les plus démunies, aux personnes âgées, aux étudiants étrangers et aux prisonniers. Cette ONG fournit de l’aide par le biais de dizaines d’associations réparties dans toute la France.
"Notre budget a augmenté de façon remarquable. On craignait que la crise n’affecte les dons, mais heureusement les gens continuent à penser aux autres", se réjouit Djamel Misraoui, responsable des relations publiques au sein de cette ONG.
La Mosquée de Paris
Soucieuse de faire elle aussi œuvre de charité, la Mosquée de Paris ouvrira ses portes aux nécessiteux dans le cadre d’une campagne de solidarité en faveur des sans-abri. Une opération qui consiste à offrir des repas chauds et gratuits à toute personne qui s’y présente le soir, sans distinction de confession. Dotée d’un budget annuel de 170 000 euros (80 000 euros de subventions de l’État, le reste provenant de dons des fidèles), la Mosquée relancera ses activités caritatives dès le 1er décembre et jusqu’à la mi-mars 2010.
Durant tout le ramadan, la Mosquée de Paris distribue chaque jour près de 500 repas d’iftar, selon Zoubir Salhi, le responsable des services généraux. "La crise financière n’aura aucune incidence susceptible de remettre en cause notre mission de solidarité et d’aide aux plus démunis. Crise ou pas, nous resterons toujours aux côtés des gens qui sont dans le besoin, les portes de la mosquée seront toujours ouvertes et nous proposerons toujours des bons plats chauds. Et si jamais nous ne parvenons pas à disposer de la totalité du budget prévu, nous ferons appel aux fidèles et au budget de fonctionnement de la mosquée pour combler l’éventuel déficit."