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Au Cambodge, le parti de Hun Sen revendique une large victoire aux législatives

Au lendemain de législatives entièrement contrôlées par le régime, le parti au pouvoir du Premier ministre Hun Sen a annoncé, lundi, avoir "remporté l'ensemble des sièges" en lice au Parlement, en l'absence de la principale force d'opposition.

Le parti du Premier ministre Hun Sen a revendiqué, dimanche 29 juillet, une victoire écrasante aux législatives au Cambodge, un scrutin très controversé en l'absence de la principale force d'opposition dissoute en 2017. Selon la Commission électorale cambodgienne, contrôlée par le régime, le taux de participation avoisine 82 %, un chiffre largement supérieur à celui des dernières législatives de 2013 (69 %).

Le Parti du peuple cambodgien (PPC) "a remporté tous les sièges à travers le pays" (125), a déclaré lundi 30 juillet son porte-parole, Sok Eysan. Les résultats définitifs doivent être officialisés le 15 août.

"Ni libres, ni équitables"

Pékin, fidèle allié du régime, a adressé ses "sincères félicitations" au gouvernement d'Hun Sen, au pouvoir depuis déjà 33 ans. "Nous espérons que (...) le peuple cambodgien pourra accomplir de grandes réalisations dans son développement", a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang.

De son côté, la Maison Blanche a dénoncé dans un communiqué des élections "ni libres, ni équitables (qui constituent) le revers le plus cinglant au système démocratique défini par la Constitution cambodgienne". Washington va réfléchir à "un accroissement significatif" des restrictions de visas introduites l'an dernier à l'encontre de certains responsables cambodgiens. Bruxelles et Washington avaient refusé d'apporter leur soutien à l'organisation du scrutin.

La question-clé est maintenant "de savoir ce que la communauté internationale va faire", a déclaré à l'AFP Phil Robertson, directeur adjoint de Human Rights Watch pour l'Asie.

Les observateurs se demandent si des sanctions commerciales et financières plus dures pourraient être prononcées à l'encontre du régime qui a bénéficié d'immenses programmes d'aides au développement pour soutenir sa marche vers l'économie de marché.

Médias indépendants fermés

Hun Sen a averti qu'il ne tolèrerait aucune contestation des résultats, assurant lors de son dernier grand meeting de campagne, vendredi, que "des mesures légales pour éliminer les traîtres" avaient été prises, une allusion au CNRP, accusé de comploter contre le gouvernement avec le soutien des États-Unis.

En 2013, les électeurs, face à la corruption qui touche le royaume, avaient voté en masse pour ce parti d'opposition, qui avait raflé plus de 44 % des voix, prenant le régime de Hun Sen de court.

"Le CNRP était potentiellement un concurrent extrêmement sérieux. Le parti a été interdit, et tous ses sièges lui ont été retirés", selon Jean-Louis Margolin.

Surfant sur cette menace, des médias indépendants ont été fermés, un autre a été repris en main par le régime, tandis que plusieurs actions en justice ont été lancées contre des représentants de la société civile. "Les Cambodgiens d’aujourd’hui sont libres comparativement à la période de dictature absolue des Khmers rouges, et le pouvoir joue aussi là-dessus. Mais cette liberté est très relative, et surtout, elle n’a pas cessé de se dégrader ces dernières années", affirme Jean-Louis Margolin.

Face à cette dérive, alors que le puissant et fidèle allié chinois a annoncé dépêcher des "observateurs", Washington et Bruxelles ont suspendu leur assistance à ces élections.

"Pour la première fois depuis les élections organisées par l'ONU en 1993, le Cambodge n'a plus de gouvernement légitime reconnu comme tel par la communauté internationale", a dénoncé Sam Rainsy, alors que Bruxelles et Washington ont retiré leur aide financière à ce scrutin controversé.

Devenu Premier ministre en 1985, à seulement 32 ans, Hun Sen, ex-Khmer rouge qui a toujours minimisé son rôle au sein du mouvement ultra-maoïste, a tissé une toile au maillage serré pour assurer sa longévité politique. Il a placé ses trois fils, qui occupent des postes clés au sein de l'armée et du parti au pouvoir, au cœur de ce dispositif et ces derniers ont participé activement à la campagne.

Avec AFP

Tags: Cambodge, Hun Sen,